Publié le 14/01/2015

Après l’attentat contre Charlie Hebdo, l’Ifri vous propose des analyses récentes sur le développement possible du phénomène terroriste.

Antiterrorisme : nul système n’est infaillible [1], Marc HECKER,  [2] Libération, 12 janvier 2015

Depuis près de deux ans, les spécialistes du terrorisme sont particulièrement inquiets. Ils répètent régulièrement : «La question n’est pas de savoir si la France sera touchée par un attentat mais quand elle le sera.» L’attaque redoutée a donc eu lieu le 7 janvier 2015. Le soir même, on pouvait entendre sur les ondes des intervenants en tout genre exprimer leur solidarité avec les victimes, mais aussi dénoncer l’échec des services de renseignements, appeler à la mise en œuvre d’une stratégie radicalement différente ou encore demander une nouvelle loi antiterroriste… alors que l’encre de la dernière loi sèche à peine. Un attentat est nécessairement la conséquence de failles dans un dispositif antiterroriste.

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Comment améliorer le dispositif antiterroriste sans devenir un État policier ? [4], Marc HECKER, [2]"Le téléphone sonne" sur France Inter, 13 janvier 2015

« Ne pas laisser retomber l’esprit du 11 janvier » disait Manuel Valls, après Laurent Fabius sur France Inter ce matin. Ce 11 janvier où la République debout a défilé partout en France et s’est illustrée dans le monde entier. Mais après le temps de l’émotion unanime, celui de l’action contre le terrorisme peut-il être consensuel ? Le premier ministre a promis dès ce matin une réponse « exceptionnelle » à ces événements dramatiques, tout en précisant qu’elle devrait se faire « sans précipitation ». « Attention, a-t-il dit, à toute procédure d’exception. ». Pourtant, déjà des voix s’élèvent pour réclamer plus de moyens, mais surtout un arsenal législatif plus dur, et des mesures dérogatoires pour pouvoir faire face à toute suspicion de terrorisme.

Écouter l'émission sur France Inter [4]

 

« Il faut mener un travail de fond contre la radicalisation », [5] Marc HECKER [2], Les Echos, 8 janvier 2015 (propos recueillis par Yves Bourdillon)

Vivons-nous des moments sans précédent en matière de terrorisme ?

Oui, la menace est particulièrement élevée en Europe, du fait du nombre inédit d'individus - plus de 3.000 Occidentaux - ayant rejoint les rangs des djihadistes en Syrie et en Irak. Sans parler de ceux qui peuvent s'autoradicaliser ici même. Un vif débat avait opposé deux spécialistes du terrorisme en 2008, Bruce Hoffmann, qui estimait que le djihadisme avait une logique centripète, avec « Al Qaida central » aux manettes, tandis que Marc Sageman prédisait une montée en puissance d'un djihadisme centrifuge, s'appuyant sur de petites cellules autonomes, voire des « loups solitaires ».

Lire l'interview sur LesEchos.fr [5]

 



Attentat contre Charlie Hebdo : la France est-elle en guerre ? [6], Marc HECKER, [2] "Débat du jour" sur RFI, 8 janvier 2015

Une scène de guerre d’une violence inédite à Paris mercredi 07 janvier 2015. La rédaction de Charlie Hebdo décimée après avoir été longtemps menacée. Journée de deuil et appel à l’unité nationale aujourd’hui. La France est en état de choc ce jeudi 08 janvier et se demande comment réagir à l’agression qu’elle vient de subir. La lutte contre le terrorisme a franchi un échelon supplémentaire et semble vouloir s’inscrire durablement dans le quotidien du pays.

Ecouter l'émission sur RFI [6]

 


L’Europe face au jihadisme [7], Marc HECKER [2] avec Arnaud Danjean, David Thomson, Romain Caillet et Gerry Feelihy dans l'émission "Carrefour de l'Europe" sur RFI [7], 12 octobre 2014

Depuis les assassinats du Français Hervé Gourdel, du Britannique Alan Henning et, bien sûr, du journaliste américain James Foley, sans parler des succès militaires de l’organisation de l’Etat islamique (OEI) en Syrie et en Irak, les Européens ont pris conscience que le jihadisme les concernait de beaucoup plus près qu’ils ne l’imaginaient jusqu’alors.

Un grand nombre de pays européens, dont la France ont rejoint une coalition anti-OEI. Environ 3000 jeunes Européens sont partis « faire leur jihad » en Syrie ou ailleurs. Leur retour affole tous les services de renseignements. L’Europe entend, bien sûr, réagir à la barbarie des jihadistes de l’OEI… Mais comment ? Les Européens sont, pour l’instant, démunis.

Ecouter l’émission sur RFI [7]

 

Jihad en Syrie : le temps du retour [8], Marc HECKER [2] dans Libération [8], 6 juin 2014

Depuis trois ans, la guerre en Syrie a attiré des milliers de volontaires étrangers, venus combattre l’armée de Bachar al-Assad. Leur nombre est estimé à 12 000, originaires essentiellement du monde arabe mais pas uniquement : on compterait plus de 2 000 Occidentaux dont environ 700 Français. Le phénomène des filières jihadistes n’est pas nouveau. On se souvient de l’Irak, de la Tchétchénie ou encore de la Bosnie. L’ampleur du jihad syrien rappelle toutefois un autre précédent, celui de l’Afghanistan des années 80, lorsque des milliers de combattants avaient afflué pour faire face à l’occupant soviétique.

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Pour en savoir plus sur les évolutions du terrorisme dans les périodes récentes, on peut aussi lire :

Le Moyen-Orient face à Daech [9], Denis Bauchard, Note de l'Ifri, novembre 2014

Par rapport aux autres mouvements djihadistes, Daech représente une mutation : il s’en distingue non seulement dans le degré de violence mais par sa nature même, avec comme objectif la formation d’un homme nouveau. Pour la première fois, un groupe terroriste contrôle un vaste territoire, dispose de moyens financiers et militaires considérables. Il développe une communication en plusieurs langues, notamment l’arabe, l’anglais et le français, via les nouvelles technologies de l’information, et assurée par de véritables professionnels. Il présente cependant des vulnérabilités qui peuvent être exploitées.

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Du bon usage de la terreur [10], Marc Hecker, Focus stratégique n° 6, Ifri, 2008

En mars 1986, peu après l’attentat contre la galerie Point Show des Champs Elysées, Charles Pasqua, alors ministre de l’Intérieur déclare : « Il faut que la peur change de camp [...]. Il faut terroriser les terroristes ». Cette petite phrase semble avoir suscité des vocations. En 2000, Vladimir Poutine se dit résolu à « buter les terroristes jusque dans les chiottes ».

Quant à Moshé Yaalon, ancien chef d’état-major de Tsahal , il affirme, dans un article intitulé « Israël : terroriser les terroristes » qu’il faut traquer les terroristes « jusque dans leur lit » et les éliminer physiquement quand leur arrestation est impossible. Utiliser le terme générique de terroriste permet de jeter le discrédit sur l’ennemi et d’affirmer clairement que coopérer avec ce dernier revient à franchir une ligne rouge. Toutefois, ce terme est vague et recouvre une réalité si diverse – rebelles engagés dans une guerre révolutionnaire essentiellement rurale, guérilleros urbains, jihadistes posant

sporadiquement des bombes dans des métropoles, etc. – qu’il paraît pour le moins difficile d’établir une doctrine générale pour lutter contre les « terroristes », y compris en ce qui concerne la mise en œuvre éventuelle d’une stratégie ou de tactiques utilisant des moyens de terreur.
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Les trois âges du terrorisme [11], Marc Hecker, Commentaire n° 121, printemps 2008

Le terme « terrorisme » a été défini par Raymond Aron dans Paix et guerre entre les nations comme « une action de violence dont les effets psychologiques sont hors de proportion avec les résultats purement physiques ». Cette définition, pas plus qu’aucune autre, ne s’est imposée et le mot « terrorisme » reste controversé, en raison probablement de son caractère subjectif et de son pouvoir délégitimant. Les terroristes des uns demeurent les résistants des autres.

Terme controversé, le « terrorisme » n’en est pas moins devenu incontournable. De 1978 à 2008, le terrorisme s’est en effet imposé comme une des formes majeures de conflictualité. En 1978, Aldo Moro était assassiné par les Brigades rouges. En 1988, un Boeing de la Pan-Am explosait au-dessus de Lockerbie. En 1998, les attentats de Dar-es Salam et Nairobi faisaient véritablement connaître Al Qaïda. Quant à l’année 2008, elle ne s’annonce guère sous de meilleurs auspices.
Lire la suite dans Commentaire [11]