Publié le 08/04/2015

Carole MATHIEU

Alors que les ambitions climatiques se précisent, des interrogations émergent sur la résilience du secteur des énergies fossiles dans un monde qui s’engagerait pleinement en faveur de la protection du climat. Cet article entend explorer l’étendue du risque en présence et montrer comment la vigueur du débat peut influencer les pratiques et les stratégies des entreprises du secteur.

En refusant jusqu’ici de restreindre sa production pour enrayer la chute des prix du pétrole, l’Arabie Saoudite montre sa détermination à défendre ses parts de marché, quitte à voir ses revenus pétroliers baisser. Parmi les nombreuses raisons avancées pour expliquer cette posture défensive, il en est une qui peut surprendre. L’Arabie Saoudite anticiperait un tournant dans la lutte contre le réchauffement climatique et verrait poindre à l’horizon la fin de l’âge du pétrole. Un baril vendu à bas prix valant toujours plus qu’un baril invendu, elle se hâterait d’écouler sa production avant que la contrainte climatique ne vienne la priver de débouchés commerciaux.

S’il est peu probable que le « risque carbone » puisse expliquer à lui seul la stratégie saoudienne, tout comme la fin de l’âge du pétrole ne semble pas être pour demain, on peut aussi reconnaitre qu’une telle hypothèse se trouve confortée par la montée des attentes vis-à-vis de la prochaine conférence de Paris sur le climat. Dans le premier projet d’accord aujourd’hui en discussion, l’objectif de maintien dans une trajectoire de réchauffement de +2°C est réaffirmé et il est même fait référence à une cible de zéro émission nette à l’horizon 2050. Pour autant, ce n’est évidemment qu’une des très nombreuses options avancées et rien ne permet de dire qu’elle figurera dans le texte final.

Télécharger le document PDF pour lire la suite :