11
Oct
2023
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Marc-Antoine EYL-MAZZEGA, cité par Adrien Pécout dans le Monde

Pétrole : l’attaque du Hamas contre Israël nourrit des craintes autour de l’Iran

Les Etats-Unis, alliés traditionnels d’Israël, pourraient être amenés à encadrer plus strictement l’application des sanctions contre Téhéran, pays qui représentait 4 % de l’offre mondiale de brut en 2022. Voire à les durcir s’il est avéré que l’Iran a aidé à planifier les actes terroristes du Hamas.

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Cinquante ans après la guerre du Kippour et le premier choc pétrolier, l’attaque des commandos du Hamas contre Israël, samedi 7 octobre, maintient les marchés de l’énergie sous tension. Les cours du pétrole brut ont connu un léger repli, mardi 10, après avoir grimpé de 4 % lundi 9. Le brent de mer du Nord (− 0,56 %), référence européenne, se stabilise au-delà de 87 dollars (environ 82 euros). Même tendance pour son équivalent américain, le West Texas Intermediate (− 0,47 %), proche de 86 dollars.

Si les cours de l’or noir s’agitent, c’est avant tout par réflexe géopolitique. Ils anticipent une extension du conflit israélo-palestinien au Moyen-Orient, alors que des bombardements israéliens se multiplient déjà sur la bande de Gaza, privée d’électricité.

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Une possible implication

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Les Etats-Unis, alliés traditionnels d’Israël, pourraient désormais être amenés à encadrer plus strictement l’application des sanctions contre Téhéran. Voire à les durcir s’il est avéré que l’Iran a aidé à planifier les actes terroristes du Hamas, mouvement islamiste palestinien dont il est proche. Un article du Wall Street Journal fait état d’une possible implication – ce que nie l’ayatollah Ali Khamenei, plus haute autorité iranienne, même s’il salue l’offensive du 7 octobre.

La donne pourrait aussi évoluer si le groupe libanais Hezbollah, formation chiite soutenue elle aussi par l’Iran, ouvre un deuxième front contre Israël. « Si le Hezbollah, au-delà de quelques tirs déjà revendiqués, entre pleinement dans la bataille, la probabilité d’un embrasement régional, et donc d’une confrontation israélo-iranienne, augmentera, avec un impact potentiel majeur sur le marché pétrolier », avance Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du centre énergie et climat de l’Institut français des relations internationales.

« Moins de gaz naturel liquéfié »

Du côté de l’industrie pétrolière, les craintes autour de l’Iran sont d’autant plus fortes que « les exportations iraniennes de pétrole brut ont bondi de plus de 700 000 barils par jour entre le premier trimestre de 2021 – au début de l’administration [du président américain, Joe] Biden – et le troisième trimestre de 2023 », détaille Patricio Valdivieso, analyste pour Rystad Energy. Quitte à casser les prix pour convaincre des acheteurs, en dépit des sanctions occidentales.

Ces livraisons en hausse ont permis d’atténuer la baisse volontaire des quotas de l’Arabie saoudite et de la Russie. Indirectement, les barils iraniens en circulation ont donc fait aussi les affaires… des Etats-Unis. L’administration Biden avait appelé, en vain, les Saoudiens à produire davantage, pour tirer les prix vers le bas et préserver ainsi le pouvoir d’achat des automobilistes. 

« Pour éviter une flambée inflationniste avant l’élection américaine de l’année prochaine, les Etats-Unis ont une marge de manœuvre limitée », rappelle M. Eyl-Mazzega.

Au-delà, l’attaque perpétrée par le Hamas a aussi eu une incidence sur le marché du gaz. Elle a poussé Israël à demander l’arrêt provisoire de l’un de ses champs gaziers. Celui de Tamar, à environ 80 kilomètres au large d’Haïfa, dans la mer Mediterranée, comme la firme américaine Chevron l’a annoncé, lundi 9, invoquant des raisons de sécurité.

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Dans un tout autre registre, le 8 octobre, un gazoduc reliant la Finlande à l’Estonie a dû interrompre son activité en raison d’une fuite causée, selon l’exécutif finlandais, par une action « extérieure ». Conséquence de tout cela : le mégawattheure de gaz a clôturé la journée du 10 octobre à 49,40 euros aux Pays-Bas, référence continentale. Non sans avoir momentanément dépassé les 49,80 euros, c’est-à-dire son plus haut prix depuis le mois de juin.

 

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