11
oct
2022
Espace Média L'Ifri dans les médias
Dimitri MINIC, cité par Cédric Pietralunga dans Le Monde

Guerre en Ukraine : les stocks de missiles de la Russie en question, après les bombardements massifs en Ukraine

Vladimir Poutine a lui-même évoqué des « frappes massives ». Lundi 10 octobre, la Russie a lancé 84 missiles et 24 drones suicides sur l’Ukraine, selon un décompte établi par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Au total, 23 villes ont été touchées, parmi lesquelles Lviv, Kharkiv, Odessa, Dnipro ou encore Zaporijia. Plusieurs cités, situées dans l’ouest du pays, loin des combats, n’avaient pas connu un tel déluge depuis le début du conflit. La capitale, Kiev, où plusieurs projectiles se sont abattus, n’avait plus été visée depuis le 26 juin. A titre de comparaison, la Russie avait tiré 168 missiles, le 24 février, lors du déclenchement de son attaque sur l’Ukraine. [...]

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« Stocks russes sous-estimés »

Si une riposte russe était attendue après l’attaque du pont de Kertch, cette vague de missiles interpelle par son ampleur. En 2019, les chercheurs de l’institut suédois FOI, dont les études décennales sur l’armée russe font référence, estimaient à quelque 1 300 unités le stock de missiles balistiques et de croisière modernes (Iskander, Totchka-U, Kh-101, Kh-555, Kalibr, etc.) de Moscou. Or, les Russes en auraient tiré près de 3 000 sur l’Ukraine depuis février. « Les stocks russes ont été manifestement sous-estimés », estime Vincent Tourret, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique, même si la prise en compte de tirs de roquettes (Grad, Smerch, etc.) peut fausser en partie les chiffres.

Difficile, dans ces conditions, de savoir si Vladimir Poutine a les moyens de mener d’autres attaques de même ampleur, comme le craint le gouvernement ukrainien. 

« Le stock russe de missiles de croisière modernes est bien entamé, mais on ne peut pas avancer de chiffres précis. D’autant qu’il existe probablement une limite que l’armée russe ne franchira pas, pour maintenir une quantité acceptable dans le cas d’un conflit militaire contre l’OTAN », estime Dimitri Minic, spécialiste de la Russie à l’Institut français des relations internationales.

Moscou doit également préserver sa force de dissuasion nucléaire, qui s’appuie sur des missiles Kalibr, Iskander et Kh-101.

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L’accès difficile des Russes aux composants

La Russie dispose de moyens pour remplacer les missiles qu’elle utilise en Ukraine. Selon l’Institut FOI, Moscou avait une capacité de production annuelle de 120 à 200 missiles dits « tactico-opératifs » avant la guerre. Mais celle-ci est sans doute entamée par les sanctions occidentales. 

« A terme, les missiles de croisière russes seront moins performants, moins “intelligents”, car les composants indispensables des armes de nouvelle génération leur seront difficiles, voire impossibles d’accès. Sauf si la Russie et des partenaires comme la Chine parviennent à développer des composants aussi sophistiqués », analyse Dimitri Minic.

En attendant, l’Ukraine réclame de nouveaux systèmes de défense antiaérienne à ses alliés occidentaux, pour intercepter les projectiles russes avant qu’ils n’atteignent leur cible. Selon Volodymyr Zelensky, 43 missiles sur les 84 lancés par Moscou ont été détruits en vol, ainsi que 13 drones sur 24. C’est beaucoup, estiment les analystes, mais pas assez aux yeux des militaires ukrainiens. « Nous devons repousser ces attaques en utilisant des armes de l’ère soviétique dont nous ne possédons qu’une quantité insuffisante », s’est plaint sur Twitter Valeri Zaloujny, le commandant en chef de l’armée de Kiev. 

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