TotalEnergies mise sur l'Inde pour devenir un acteur de l'hydrogène vert
Le groupe français et son partenaire Adani veulent produire 1 million de tonnes par an d'hydrogène issu d'électricité solaire et éolienne en Inde. Un premier projet à 5 milliards prévoit d'utiliser cet hydrogène décarboné pour fabriquer de l'urée à destination de l'agriculture.
Patrick Pouyanné, le patron de TotalEnergies, annonçait depuis des semaines un projet majeur dans l'hydrogène vert. Il s'est concrétisé ce mardi. La major française a choisi l'Inde pour affirmer ses ambitions dans cette énergie d'avenir. Elle est déjà bien implantée dans ce pays dans les secteurs du gaz et des énergies renouvelables, grâce à une alliance avec le conglomérat Adani , contrôlé par le milliardaire Gautam Adani, deuxième plus grosse fortune du pays.
TotalEnergies va prendre 25 % du capital d'une coentreprise dédiée à l'hydrogène vert, produit à partir d'électricité renouvelable, Adani en détenant le solde. Les deux partenaires vont investir 5 milliards de dollars (4,8 milliards d'euros) dans la première phase du projet, qui prévoit des électrolyseurs de 2 gigawatts, alimentés par un parc solaire et éolien de 4 gigawatts (l'équivalent, en capacité théorique, de quatre réacteurs nucléaires). «Il est probable que la contribution de TotalEnergies au projet sera d'environ 300 millions de dollars», écrivent les analystes de Barclays.
« Le plus grand producteur du monde »
Dans un premier temps, l'hydrogène servira à produire de l'urée, un engrais azoté massivement utilisé dans l'agriculture, à hauteur de 1,3 million de tonnes par an. L'Inde pourra ainsi réduire ses importations d'engrais issus des hydrocarbures. Le pays consomme 32 millions de tonnes d'urée par an, dont 10 millions sont importés. La production d'urée issue de l'hydrogène aidera aussi l'Inde à réduire ses émissions de CO2. New Delhi vise la neutralité carbone en 2070.
A l'horizon de 2030, TotalEnergies et Adani annoncent une production d'hydrogène vert de 1 million de tonnes par an, grâce à des capacités d'électricité renouvelable de 30 gigawatts. Adani évoque des investissements de 50 milliards de dollars « au cours des dix prochaines années », pour devenir « le plus grand producteur d'hydrogène vert au monde ». L'objectif est de répondre à la demande en Inde mais aussi d'exporter.
Vastes déserts
L'hydrogène vert va contribuer à décarboner progressivement l'activité de TotalEnergies, aujourd'hui d'origine fossile à plus de 90 % (pétrole et produits pétroliers, gaz, GNL...). La firme française mise sur l'Inde, un pays où le potentiel de développement des énergies renouvelables est élevé. Il est plus facile de déployer massivement des panneaux solaires ou des éoliennes dans les vastes espaces désertiques du nord-ouest du pays qu'en Europe.
Adani et TotalEnergies vont commencer par commercialiser un produit dérivé de l'hydrogène, en l'occurrence de l'urée, et non de l'hydrogène pur.
« L'hydrogène est très difficile à transporter à un coût raisonnable sur longue distance, rappelle Cédric Philibert, chercheur associé au Centre énergie et climat de l'Ifri. C'est pourquoi il semble plus logique de transporter des produits fabriqués à partir de l'hydrogène comme l'urée et l'ammoniac, composants des engrais, ou le méthanol, qui entre dans la composition de nombreux produits chimiques ».
« Très compétitif »
L'hydrogène produit par les deux partenaires en Inde devrait être « très compétitif », estiment les analystes de Citi, qui évaluent son coût de production à 3,2 dollars le kg. C'est un peu plus que celui de projets comparables en Arabie saoudite, mais égal ou inférieur à d'autres projets d'hydrogène vert à Oman et au Texas, selon eux.
BP investit dans l'hydrogène en Australie
BP a annoncé mercredi qu'il prenait 40,5% de parts dans le projet australien présenté comme la plus grande centrale d'énergies renouvelables du monde. Le pétrolier britannique exploitera l'Asian Renewable Energy Hub (AREH), d'une valeur de 36 milliards de dollars, qui s'étendra sur 6.500 km² dans la région de Pilbara, sur la côte ouest de l'Australie, l'une des plus grandes zones minières du monde.
Le site doit générer 26 gigawatts d'énergies solaire et éolienne, soit plus que le barrage des Trois Gorges en Chine, considéré à certains égards comme le plus important site de production d'électricité au monde.
Il produira aussi 1,6 million de tonnes d'hydrogène vert chaque année, destiné en grande partie à l'exportation, notamment vers les marchés japonais et sud-coréen.
> Lire l'article sur le site du journal Les Echos
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