13
juin
2016
Publications Éditoriaux de l'Ifri
People marching in the Key West Gay Pride parade carry a memorial banner honoring those killed in the terror attack at the nightclub in Orlando, June 12, 2016. Credits: Chuk Wagner/Shutterstock

Tuerie d’Orlando : l'enjeu du terrorisme dans le débat politique américain

Dans la litanie des massacres par arme à feu commis aux Etats-Unis, celui d’Orlando frappe d’abord par son ampleur. Les 50 victimes en font à la fois le plus important massacre par arme à feu jamais perpétré dans le pays, et la plus lourde attaque terroriste commise sur le sol américain depuis le 11 septembre 2001. Quelles vont en être les conséquences ?

Les événements confirment d’abord que les Etats-Unis ne peuvent s’isoler du monde extérieur, puisque celui-ci vient une nouvelle fois les frapper à domicile. Le président Obama pourrait donc modifier sa politique moyen-orientale dans les quelques mois de mandat qui lui restent avant son départ de la Maison Blanche. Il pourrait ainsi renforcer l’engagement militaire des Etats-Unis dans la Coalition présente en Irak et en Syrie, et faire pression sur les alliés régionaux comme la Turquie et l’Arabie Saoudite. Une politique qui sera en tout état de cause à poursuivre par sa ou son successeur à partir de janvier 2017.

En termes de politique intérieure, l’événement pose aussi question. Si Al Qaeda exerçait un contrôle très limité sur ses franchises locales, le mode opératoire de l’Etat islamique semble encore plus décentralisé et du coup, encore plus imprévisible. Les terroristes de San Bernardino, en décembre dernier, avaient posté leur serment d’allégeance sur Facebook juste avant de partir commettre leur crime. Et le tueur de dimanche en a simplement informé l’opérateur du 911 au téléphone. Selon le New York Times, l’EI les a apparemment adoubés après les faits. Pour les démocrates, ces deux attentats vont peut-être permettre de modifier les termes du débat sur le port d’arme. En effet, la priorité ne doit plus être aujourd’hui de protéger le droit des citoyens américains de porter des armes (conformément au 2ème amendement à la Constitution), mais de protéger le pays contre une agression extérieure imprévisible et multiforme. Obama en décembre dernier et Hillary Clinton cette fois-ci ont donc appelé à un contrôle plus strict des ventes d’armes automatiques.

Côté républicain, le candidat Donald Trump a réagi dès dimanche, déclarant que l’événement justifiait ses propositions les plus islamophobes, notamment sa proposition d’interdire l’entrée du territoire américain aux musulmans - ce qui ne devrait pas apaiser la campagne électorale... Faisant feu de tout bois, l’ex-candidat républicain proche des chrétiens fondamentalistes, Ted Cruz, a pour sa part surmonté son aversion à l’homosexualité, appelant la communauté LGBT à rompre avec une administration Obama qui rechigne jusqu’à présent à employer le terme de « terrorisme islamique radical ».

 

Lire aussi :Après Paris et San Bernardino, l'enjeu du terrorisme dans le débat politique américain, Simond de GALBERT, Chroniques américaines, Ifri, décembre 2015