Publié le 23/10/2015
Conférence de dialogue national, Yémen

François FRISON-ROCHE

Une meilleure compréhension de la guerre qui sévit désormais depuis plusieurs mois entre une coalition de pays arabes sunnites, dirigée par le Royaume d’Arabie Saoudite et le Yémen, oblige à revenir sur ces quatre dernières années de transition et de négociations.

Il s’agira avant tout pour nous de lever deux ambiguïtés de la « révolution yéménite », puis de nous s’interroger sur l’approche onusienne. La « révolution yéménite » s’apparente plus, selon nous, à un règlement de compte entre prédateurs locaux qu’à un véritable soulèvement populaire, spontané et autonome. De ce fait, les « accords de Riyad », signés fin 2011, étaient surtout destinés à régler rapidement une question de « partage du pouvoir » entre factions rivales plutôt que d’entamer un vaste processus de refondation politique dans un pays profondément fragmenté par ses divisions tribalo-religieuses et de multiples conflits intérieurs larvés.

Il faut ensuite se pencher sur la réponse, inadaptée selon nous, que la communauté internationale, en la personne de l’ancien conseiller spécial du Secrétaire général de l’ONU, a apportée à la crise. Analyse erronée de la situation sur le terrain, méconnaissance ou négligence des rapports de force réels, cadrage impropre du processus de dialogue national et de ses acteurs, absence de volonté politique d’agir dans les temps prescrits : les méprises semblent nombreuses pour celui qui a voulu préempter et diriger un processus qui lui a finalement échappé, avant qu’il ne soit forcé à démissionner.