Publié le 17/05/2016
Lucha

Habibou BANGRE

Accusant le président Joseph Kabila de vouloir s’accrocher au pouvoir, un large consortium s’est structuré en décembre 2015 sous la forme d’un « Front citoyen » qui dépasse le périmètre habituel des partis d’opposition. Plusieurs organisations de la société civile y jouent un rôle de premier plan : deux mouvements, Lucha et Filimbi, expriment le ras-le-bol de la jeunesse urbaine et perturbent la dialectique entre le pouvoir et les partis traditionnels d’opposition.

 La Constitution empêche Joseph Kabila de briguer un troisième quinquennat consécutif. Il ne s’est jamais exprimé clairement sur ses intentions pour l’après-2016, mais l’opposition dénonce une série de manoeuvres – révision de la Constitution, modification de la loi électorale, non décaissement des fonds pour l’organisation des élections… – destinées à le maintenir en poste. Pour prévenir un passage en force, Lucha et Filimbi misent sur des actions pacifiques.Si leur capacité de mobilisation est difficile à mesurer, leur stratégie de communication tournée vers les réseaux sociaux a permis d’attirer l’attention et le soutien de la communauté internationale et d’ONG des droits de l’homme congolaises et étrangères. Proches des mouvements sénégalais Y’en a Marre et burkinabè Balai citoyen, très actifs pour empêcher un troisième mandat anticonstitutionnel dans leur pays, ils sont victimes de la répression gouvernementale. Dans le même temps, les autorités plaident toujours pour la tenue du dialogue national convoqué par le président pour organiser des élections « crédibles » et « apaisées ». La démarche rappelle le début des années 1990, quand le dictateur Mobutu Sese Seko (1965-1997) avait lancé des consultations dans le pays pour jeter les bases de la « Conférence nationale souveraine » censée ouvrir la RDC à plus de démocratie et ouvrir une nouvelle page de l’histoire du pays.