Publié le 19/02/2018

Elie TENENBAUM

Quoique premier et principal domaine de l’histoire de la guerre, la puissance terrestre a depuis quelque temps maintenant été dissociée de la notion de « forces stratégiques », ces dernières renvoyant généralement à des moyens longue portée et/ou à de fortes puissances de destruction, au premier rang desquels les armes nucléaires. 

L’importance croissante de la maîtrise d’espaces communs a parfois conduit à considérer les forces terrestres comme de simples consommateurs d’effets interarmées. Une telle dynamique est désormais remise en cause alors que les puissances occidentales se voient de plus en plus contestées dans leur suprématie sur les « espaces fluides ». Le temps est donc venu de réévaluer la contribution des forces terrestres aux grandes fonctions stratégiques que sont l’intervention, la dissuasion, la prévention, la protection et l’anticipation. Dans chacune de ces missions, les forces terrestres se révèlent être des instruments essentiels, sans alternatives évidentes. Alors qu’il semble clair que l’environnement opérationnel futur sera plus contesté et exigeant, les forces terrestres vont devoir continuer à démontrer leur pertinence pour faire face à des défis tels que le déni d’accès et l’interdiction de zone, l’hybridation des adversaires, ou encore l’ambiguïté stratégique. Dans une telle perspective, elles seront amenées à jouer un rôle central comme forces intégratrices et pourvoyeuses d’effets multi-domaines, contribuant à l’amélioration globale de la résilience et de la capacité de manœuvre.

Ce document est également disponible dans sa traduction en anglais: "The Strategic Role of Land Forces: a French Perspective [1]".