Publié le 16/10/2018

Jean-Christophe NOËL

L’intelligence artificielle (IA) est un enjeu de défense prioritaire pour les puissances militaires du XXIe siècle. Sans surprise, les États-Unis et la Chine sont aujourd’hui en tête de cette nouvelle course aux armements digitalisée. 

En reproduisant les processus cognitifs au moyen d’algorithmes et de traitement automatisé du big data, l’IA est désormais capable d’effectuer un nombre grandissant de tâches spécifiques dans lesquelles elle surpasse les performances humaines. Appliquée au domaine militaire, elle permet de gérer et simuler l’environnement opérationnel, de détecter des menaces, de traiter et simplifier les masses de renseignement collectées et d’en livrer une analyse élémentaire. À ce titre, elle prolonge la révolution dans les affaires militaires survenue dans les années 1990 et se présente comme la voie principale de la supériorité tactique. Alors que l’automatisation s’affirme progressivement comme une nouvelle norme stratégique, les tenants d’un « humanisme militaire » soulignent cependant les limites de la technologie, le large éventail de contre-mesures et les risques d’une perte de contrôle, de déshumanisation de la guerre allant jusqu’à une remise en cause substantielle du métier de soldat. Si ces développements imposent de trouver à brève échéance un nouvel équilibre dans la relation homme-machine, l’avènement à plus long terme d’une IA dite « forte », entièrement autonome, pourrait transformer plus encore les dynamiques politico-militaires, voire altérer la nature même de la guerre.