Publié le 29/10/2018

Hans STARK, invité sur Franceinfo

Au lendemain d'un nouveau revers électoral régional en Allemagne, dans le land de Hesse, Angela Merkel a confirmé lundi 29 octobre qu'elle renoncerait à la présidence de son parti conservateur, la CDU, en décembre 2018. Elle a annoncé également qu'elle allait se retirer de la chancellerie en 2021, à l'issue de son quatrième et dernier mandat.

Pour Hans Stark, spécialiste de l'Allemagne contemporaine à l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI), professeur de civilisation allemande à la Sorbonne, invité de franceinfo lundi, la chancelière "lâche du lest"  tout en voulant "gérer elle-même sa propre sortie politique et indirectement sa succession". 

franceinfo : Angela Merkel est-elle un peu poussée dehors après 13 ans passés au pouvoir ?

Hans Stark : Elle lâche du lest. Le parti prend de l'autonomie vis-à-vis d'Angela Merkel. Il l'a déjà fait il y a deux, trois semaines lorsqu'ils se sont dotés d'un chef du groupe parlementaire qui n'était pas le candidat d'Angela Merkel. C'était un premier pas vers l'émancipation de ce parti vis-à-vis d'Angela Merkel qui règne sur ce parti depuis 18 ans. Là c'est un peu surprenant. Madame Merkel a toujours insisté sur le fait qu'un chancelier, pour avoir l'autorité nécessaire pour gouverner, a également besoin d'être chef de parti. Là, elle change de cap. Même si elle n'a pas donné de consigne de vote, on sait que sa candidate est madame Annegret Kramp-Karrenbauer. Mais pour pouvoir peser indirectement sur ce scrutin, il valait mieux passer la main en 2018 et non pas en 2020 où madame Merkel sera beaucoup plus affaiblie.

Elle veut maîtriser son calendrier ?

Elle a été élue par le Parlement il y a quelques mois. Elle a un mandat devant elle. Elle a toute la légitimité nécessaire pour se dire "je reste au pouvoir jusqu'en 2021", étant donné son bilan qui est globalement jugé positif outre-Rhin. Mais elle a toujours dit aussi qu'elle souhaitait gérer elle-même sa propre sortie politique et indirectement sa succession. Car il s'agit de savoir si la CDU va entrer dans un conflit idéologique entre des courants plus conservateurs ou plus libéraux et centristes. Il faut savoir que la CDU a connu un revers important en Hesse. Or la plupart des électeurs qui ont quitté la CDU ont voté Vert. Ils sont allés vers le parti des écolos et non pas vers l'extrême droite de l'AFD. Ils n'aspirent pas à une droitisation du discours politique. C'est plutôt une bonne nouvelle pour Angela Merkel.

Les Verts est-il devenu le parti crédible d'alternative à la CDU et au SPD ?

C'est un peu le phénomène de En Marche il y a un an, où l'électeur français avait le choix entre une politique de Frexit anti-européenne et une politique centriste pro-européenne. Aujourd'hui les Verts sont pour une politique non seulement écologique mais aussi d'ouverture vers l'Europe, vers le monde, face à une AFD qui prône la fermeture des frontières.

 

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