Publié le 05/11/2018

Laurence NARDON, citée par Stefanie Schüler sur RFI

La Floride est ce qu'on appelle un « swing state », c'est à dire un Etat où la majorité des électeurs vote tantôt républicain, tantôt démocrate. Ce n'est donc pas pour rien que Donald Trump et l'ancien président Barack Obama ont fait le déplacement ces derniers jours pour soutenir les candidats de leurs partis respectifs. La course semble en effet serrée.

Dimanche, c'était la dernière occasion pour ceux qui voulaient voter de manière anticipée. Devant un bureau de vote à Miami Dade, il y avait de longues files d'attente. « C'est à se demander s'il va y avoir encore quelqu’un ce mardi », plaisante un septuagénaire d'origine cubaine. Plus de 4 millions d'électeurs ont déjà voté en Floride. Un record. Reste maintenant à savoir pour qui.
 
Le vote latino, la grande inconnue
 
L'une des clés de cette élection dans cet Etat, c'est bien évidemment le vote des Latinos. Ceux qui ont voté pour les candidats républicains l'ont fait parce qu'ils soutiennent la politique économique et la position anti-avortement des conservateurs. Mais beaucoup d'électeurs de la communauté latino-américaine ont été visiblement heurtés ces dernières semaines par le discours anti-immigration de Donald Trump.

Une mère racontait à RFI l'horreur ressentie en apprenant la séparation des familles de migrants à la frontière : « J'avais l'impression qu'on m'arrachait mes propres enfants ». Et d'ajouter : « Et vous savez chez nous, la famille, c'est tout. » Un Hondurien, qui était au bureau de vote avec sa femme américaine, expliquait qu'il avait peur que ses enfants aient des problèmes à l'école, « puisque Donald Trump nous traite de criminels », comme il disait.

La fiscalité, un autre sujet clé

Les électeurs conservateurs sont bien sûr très sensibles aux politiques fiscales. En Floride, l'impôt sur le revenu n'existe pas. Et les électeurs républicains craignent que cette situation puisse changer en cas de victoire des démocrates.

Le nombre de primo-votants croisés ces derniers jours est aussi un phénomène à signaler. Des jeunes de 18 ou 19 ans se sont inscrits sur les listes électorales après la fusillade, en février dernier, dans le lycée de Parkland, drame qui a fait 17 morts. Ces jeunes veulent voter pour les candidats en faveur d'un plus strict contrôle des armes à feu. Une jeune étudiante me disait : « Y'en a marre d'avoir peur en allant en classe le matin. Et je pense que certains candidats nous en entendu. »

Dans certains Etats, les conditions de vote sont rendues plus compliquées pour les minorités afin de les décourager de se rendre aux urnes.

 

Certains Etats, notamment républicains, ont commencé à prendre des mesures pour rendre plus difficile le vote des minorités. Notamment dans le Wisconsin, la Géorgie, le Tennessee, on réclame une pièce d'identité avec photo pour aller voter...
Laurence Nardon, responsable du programme Amérique du Nord de l'Ifri