Publié le 01/10/2019

Marc JULIENNE

A partir de 2015, les autorités chinoises ont fermement repris en mains la situation au Xinjiang en mettant en œuvre un appareil de sécurité draconien. Le renforcement du dispositif antiterroriste a été complété à partir de 2017 d’une campagne de lutte contre l’extrémisme religieux (ou « dé-extrémisation », 去极端化), concrétisée par la construction d’une centaine de camps de rééducation idéologique au Xinjiang.

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Pour les Ouïghours au Xinjiang l’impact de ces politiques est évidemment désastreux. La population vit sous surveillance et suspicion permanente. Ceux qui n’ont pas été internés vivent dans l’appréhension d’une arrestation et dans l’inquiétude pour leurs proches qui séjournent dans les camps. Et la diaspora ouïghoure à travers le monde est également touchée. Beaucoup ont perdu le contact avec leur famille au Xinjiang, d’autres subissent la pression des autorités chinoises pour rentrer en Chine ou pour fournir des informations sur leur communauté diasporique. Les politiques de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme au Xinjiang ont créé une profonde fracture entre la population ouïghoure de Chine et leurs semblables à l’étranger. Le discours officiel et les médias chinois, quant à eux, applaudissent la réussite de ces programmes de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme. Depuis début 2019, Pékin a publié pas moins de trois livres blancs portant sur « La lutte contre le terrorisme et l’extrémisme et la protection des droits de l’homme au Xinjiang » (mars), « Les questions historiques concernant le Xinjiang » (juillet) et « L’éducation et la formation professionnelle au Xinjiang » (août). Ainsi pour les autorités, le bilan est exemplaire : il n’y a pas eu d’attentat depuis trois ans, les programmes de formation professionnelle sont plébiscités par la population et les « camps de rééducation » n’existent pas.

 

Lire l'intégralité de l'article sur le site de SciencesPo CERI [1].