Publié le 03/04/2021

Marc JULIENNE, cité par Nicolas Quénel dans Libération

Pour compenser les limites de la stratégie agressive menée par ses diplomates, la Chine compte sur des relais dans l’Hexagone pour étendre son influence et diffuser la bonne parole du pouvoir sur la persécution des Ouïghours.

Tibet, mer de Chine, nouvelles routes de la soie, Taiwan, Xinjiang, Covid-19… Qu’importe le sujet, la Chine entend maîtriser le récit qui est fait des événements qui l’impliquent sur la scène internationale et ainsi verrouiller son image. Et gare à ceux qui, comme Antoine Bondaz, chercheur à la Fédération pour la recherche stratégique (FRS) entendent pointer les réécritures et les méthodes peu scrupuleuses qu’emploie Pékin en matière d’influence. Depuis plusieurs semaines, le chercheur fait l’objet d’une virulente campagne étatique de dénigrement en ligne, sinon de harcèlement. Pour avoir critiqué les pressions de l’ambassade de Chine sur des parlementaires français invités cet été à Taiwan, il a été qualifié en riposte sur Twitter de «petite frappe», de «hyène folle» ou encore de «troll idéologique». Un langage peu diplomatique qui vise à le «discréditer» et l’«intimider», d’après Antoine Bondaz lui-même.

Le 23 mars, le ministère français des Affaires étrangères a fini par convoquer l’ambassadeur, Lu Shaye, pour lui reprocher des propos «inacceptables»: «L’insulte, l’invective, la menace contre des parlementaires, des chercheurs, des journalistes, cela pose des problèmes de fond qui ressortent de méthodes d’intimidation.» Derrière ce langage fleuri, se cache la doctrine chinoise de «l’esprit combattant» promue par Xi Jinping dans un discours à l’Ecole centrale du Parti communiste chinois (PCC), en septembre 2019, dans lequel le Président incitait les futurs cadres à «combattre les forces du mal» et à «attaquer pour mieux vaincre».

Par intérêt ou par collusion idéologique

Mais la Chine ne se repose pas uniquement sur cet «esprit combattant». Pour prêcher la bonne parole du parti, elle compte aussi sur ses réseaux à l’étranger, notamment en France.

Des «relais composés d’intellectuels, de politiques ou de journalistes dont les propos sont repris et largement diffusés par les médias chinois», explique Marc Julienne, chercheur au centre Asie de l’Institut français des relations internationales (Ifri).

De manière intéressée ou par pure collusion idéologique, ces personnalités sont utilisées par la Chine pour «amplifier et crédibiliser les narratifs officiels, aussi bien en France qu’en Chine», complète Antoine Bondaz.

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