Publié le 14/04/2021
Les forces allemandes près du camp Marmal pendant une patrouille à l'extérieur de Mazar-e-Sharif, Afghanistan, novembre 2009.

Paul MAURICE

Dans la démocratie parlementaire allemande, les partis ont un rôle fondamental pour autoriser les interventions extérieures de la Bundeswehr et interviennent dans le suivi de son déploiement. Le débat politique sur ces opérations est généralement polarisé entre opposants, qualifiés de « pacifistes », et partisans, décrits comme « militaristes ».

Il y a de nombreuses raisons, notamment historiques, au malaise allemand face aux opérations extérieures de son armée. Mais la question du « pacifisme » est souvent un catalyseur qui empêche les partis de mener une discussion sereine sur la question des interventions militaires et les conduit à une grande frilosité sur cette question. Pourtant l’attitude des partis à leur égard a vocation à jouer un rôle de plus en plus important dans les débats. Dans la perspective des élections fédérales de septembre 2021 et face à un paysage politique de plus en plus fragmenté, qui peut conduire à former une coalition tripartite, cette question peut s’avérer déterminante en raison des divergences politiques entre partis.

Par ailleurs, dans le contexte transatlantique et européen actuel, cette question est devenue un marqueur sur lequel se jouera la crédibilité de l’Allemagne sur la scène internationale et vis-à-vis de ses partenaires au sein de l’Alliance atlantique. En effet, cette réticence allemande est de moins en moins acceptée et comprise, et les interventions militaires sont une des questions centrales sur lesquelles un candidat doit prendre position pour paraître un prétendant crédible à la chancellerie. De nombreux partis font évoluer leurs positions et les débats sur les futures interventions militaires de la Bundeswehr. Ces questions clivantes en leur sein pourraient influer sur le choix de la future coalition.

 

Paul Maurice est chercheur au Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l’Ifri, où il travaille en particulier sur les questions de politique intérieure allemande et les relations franco-allemandes dans le cadre de la construction européenne.