Publié le 05/07/2021
Le ministre fédéral des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, accueille Federica Mogherini, haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Potsdam, Allemagne. 1er Septembre 2016.

Wolfgang ZELLNER

Quoiqu’à des degrés divers, l’Allemagne a toujours attaché de l’importance à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), forum de dialogue essentiel d’un multilatéralisme qu’elle considérait comme fondamental. Son soutien au processus de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) était, à l’origine, inspiré par l’objectif de pallier et à terme de surmonter sa partition.

L’Allemagne a ainsi considéré que la réunification et l’adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) étaient pour une large part le fruit de la politique de détente et du processus de la CSCE. Aussi la diplomatie allemande s’est-elle attachée à faire évoluer la CSCE vers un système de sécurité collective, notamment par le biais de l’initiative Kinkel-Kooijmans datant de 1994.

Dès le milieu des années 1990, avec l’élargissement de l’Union européenne (UE) et de l’OTAN, elle a perdu en importance. Dès lors c’est l’UE qui recevait la priorité par rapport à la CSCE. L’OSCE se voyait alors reléguée au second plan de la diplomatie allemande.

Cette approche a changé de manière significative en 2014 avec l’annexion de la Crimée par la Russie et la guerre dans l’est de l’Ukraine. Depuis lors, l’OSCE revêt une importance centrale pour la diplomatie allemande à deux égards. D’une part, elle constitue un instrument essentiel du règlement de la crise ukrainienne. La chancelière allemande Angela Merkel s’est engagée personnellement en faveur du déploiement de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine (MSO) le 21 mars 2014. Depuis juin 2014, les présidents français, russe et ukrainien et la chancelière allemande cherchent une solution politique au conflit dans le cadre du Format Normandie. D’autre part, les tensions entre la Russie et les États occidentaux ont connu une telle escalade que l’OSCE reste pratiquement le seul forum de dialogue multilatéral sur un certain nombre de questions, notamment la maîtrise des armements conventionnels.

Ces évolutions ont conduit à un regain de l’implication de l’Allemagne au sein de l’OSCE : en 2016, l’Allemagne a assuré la présidence de l’OSCE ; en 2020, la diplomate allemande Helga Schmid a été élue secrétaire générale de l’OSCE ; et fin 2020 le Bundestag s’est prononcé en faveur d’un sommet de l’OSCE en 2025, 50 ans après l’adoption de l’Acte final d’Helsinki.

 

Wolfgang Zellner, Senior Research Fellow à l’Institut pour la recherche de la paix et la politique de sécurité (IFSH), y a exercé jusqu’en 2018, la responsabilité de directeur adjoint, tout en dirigeant le CORE (Centre for OSCE Research). Il a fondé en 2013, aux côtés d’autres collègues, le Réseau OSCE de groupes de réflexion et d’établissements universitaires (OSCE Network of Think Tanks and Academic Institutions) dont il a assuré la coordination jusqu’en 2018. Ses travaux sont principalement consacrés à la sécurité européenne, à la régulation des conflits et au contrôle des armements conventionnels en Europe et au sein de l’OSCE.

 

Cette publication est également disponible en allemand : "Die Bedeutung der OSZE für die deutsche Diplomatie [1]" (pdf).