Publié le 01/09/2021

Alice PANNIER, Éric-André MARTIN, Julien NOCETTI, Elie TENENBAUM, Claude-France ARNOULD, Pierre GROSSER, Michel FOUCHER, Christian NOYER, Antoine PECQUEUR

Jamais suspendue, la course à la redistribution de la puissance définit ses lignes : technologies du numérique et de l'espace, poids nouveau du militaire, systèmes financiers, sens des interdépendances, affirmations culturelles... L'Europe reste-t-elle dans la course ?

La course aux technologies numériques, par Alice PANNIER
La course aux technologies numériques est désormais au coeur de l’affirmation de puissance. La pandémie de Covid-19 a accéléré nombre de mutations sociales, qui valorisent les technologies numériques, y compris les technologies émergentes : les semiconducteurs, le edge computing, la blockchain, ou le calcul quantique. Au coeur de la course figurent les États-Unis et la Chine, alors que l’Europe commence à se mobiliser. Mais les États ne sont pas seuls dans la compétition.

L'espace dans la course à la puissance, par Éric-André MARTIN
Élément de la course à la puissance depuis des décennies, l’espace revêt une importance nouvelle, avec la multiplication des acteurs publics – États – et privés – entreprises –, l’élargissement des enjeux économiques, les nouveaux besoins en communication et connectivité, et donc la cristallisation de nouvelles rivalités stratégiques. Alors que la course à l’espace change de dimension, chaque acteur doit se situer dans la compétition, et la communauté internationale s’interroger sur une gouvernance collective.

Information, désinformation : les leçons du Covid, par Julien NOCETTI
La pandémie a éclairé le caractère central des manoeuvres touchant à l’information dans les stratégies de puissance. La Chine, délaissant son image bienveillante, a usé de tous les moyens pour éluder les interrogations sur l’origine du virus, tandis que la Russie s’efforçait de miner la crédibilité occidentale par sa diplomatie d’aide et ses critiques des vaccins. Quant aux présidentielles américaines, elles ont surtout prouvé que la désinformation était une menace interne aux sociétés démocratiques.

La course à la puissance militaire est-elle obsolète ?, par Élie TENENBAUM
La force de contraindre ou de menacer définit toujours la puissance, en dépit de la régulation partielle du droit et de l’espoir d’une neutralisation de la guerre introduite par la dissuasion nucléaire. Au-delà des formes classiques d’affrontement international, ou des conflits internes, la force armée occupe encore bien une place essentielle dans la compétition des grandes puissances : avec une nouvelle « émergence militaire », dans l’accumulation des capacités ou le contournement des moyens classiques de la conflictualité.

Les banques centrales face au Covid, par Christian NOYER 
En injectant massivement des liquidités dans l’économie et en rachetant les titres de dettes publiques, les banques centrales ont financé les besoins des États frappés par la crise. La question est désormais de savoir quand et comment ces banques centrales vont progressivement sortir des politiques d’assouplissement quantitatif : leur mandat de base – stabilité des prix et maîtrise d’une inflation modérée – n’ayant pas été fondamentalement affecté par la crise.

Les interdépendances, ressource et risque, par Pierre GROSSER
Les interdépendances, image par excellence de la modernité, ont toujours présenté une double face : d’abord au profit d’un capitalisme ou d’un colonialisme conquérants, et plus récemment au profit des nouveaux pays industrialisés. Il faut revenir sur la longue histoire des interdépendances et sur les allers-retours de l’histoire du XXe siècle pour juger du débat actuel, entre tentations de fermeture et prise en compte de multilatéralismes dont la nécessité a été démontrée, entre autres, par la crise du coronavirus.

L'UE projetée vers la puissance ? [1], par Claude-France ARNOULD (voir la vidéo) [2]
C’est sa nature même, juridique et politique, qui a fait de l’Union européenne une puissance d’improvisation face au Covid. Il reste qu’elle a pu prendre d’importantes initiatives, celles-ci pouvant la mener vers une affirmation de puissance plus nette. Mais sa politique étrangère demeure dans les limbes, éclatée entre logiques nationales, interétatiques et communautaires. En matière de défense, les progrès ont été réels, mais ne peuvent se concrétiser sans forte volonté politique. L’Europe sort-elle de la crise sanitaire plus puissante ou plus impuissante ?

La réaffirmation des frontières, par Michel FOUCHER
La pandémie a réévalué l’idée de frontière comme fermeture, interrompant des communications qui formaient le fond, et le symbole, de la mondialisation. Le double héritage de la pandémie et de la modification des rapports de puissance pourrait préluder à une régionalisation fondée sur de nouveaux critères, sur une nouvelle appréhension des frontières.

Culture : un nouveau front, par Antoine PECQUEUR
La pandémie a remis en lumière l’importance de la culture pour l’affirmation de puissance. La Chine l’a compris et accompagne ses stratégies économiques de multiples interventions dans ce domaine. Le modèle culturel américain souffre des désengagements privés. Les pays du Golfe ont saisi depuis des années l’importance du champ culturel pour leur présence internationale. Un peu partout, la culture est un enjeu d’émancipation face aux régimes autoritaires. L’Europe peut-elle avoir un rôle dans le nouveau jeu culturel ?

 

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