Publié le 25/10/2021

Marc-Antoine EYL-MAZZEGA, invité de Florian Delorme dans Culture Monde sur France Culture

Alors que la France, les États-Unis, la Chine et la Russie engagent un tournant vers l'énergie nucléaire sous des formes revisitées, l’Allemagne considère que la gestion des déchets nucléaires exclut cette solution des énergies propres.

La présentation par Emmanuel Macron de son plan France 2030 marque résolument un tournant vers l’énergie nucléaire pour parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050, et ainsi respecter les Accords de Paris. Et pour ce faire, il compte sur une nouvelle génération de réacteurs nucléaires, les SMR, ou PRM en français, pour Petits réacteurs modulaires. Bien plus petits que les chantiers pour les EPR dans lesquels EDF s’enlise comme à Flamanville, ces SMR présenteraient moins de risques d’accidents, et une moindre quantité de déchets à gérer. Un parti pris important, alors que le reste de l’Union européenne est en train de débattre de la taxonomie, qui doit définir ce qu’est une activité économique durable afin de permettre leur financement par l’UE ou non. La France milite pour que le nucléaire soit considéré comme énergie propre, tandis que l’Allemagne considère que la gestion des déchets nucléaires l'exclut de fait. 

La France n’est pas la seule, et loin d’être la première, à se tourner résolument vers le nucléaire. En allant encore plus loin, la Chine a annoncé en septembre tester le premier réacteur nucléaire à sels fondus et au thorium, une technologie présentée comme “plus propre” et “plus sûre”. Une technologie qui permettrait d’apporter l’énergie nucléaire dans les zones les plus reculées. Surtout, ces avancées montrent que la course technologique devient un enjeu important de la rivalité entre puissances : après un long hiver, les Etats-Unis annoncent un “printemps du nucléaire”, tandis que la Russie développe des centrales nucléaires flottantes.

Alors, ce nouveau “printemps du nucléaire” offre-t-il vraiment plus de sécurité ? Qu’est-ce qui motive les grandes puissances à investir massivement dans ce domaine ? Quelle est la place de l’Europe dans cette course technologique du nucléaire civil ?

Le principal changement [avec les SMR] est l'idée qu’on va construire en série, créer des usines qui vont pouvoir les fabriquer par tranches et qu’il n’y aura plus qu’à les assembler. Et surtout, une fois qu’on aura produit, on pourra les démonter en série de façon standardisée. Marc-Antoine Eyl-Mazzega

En matière de politique énergétique, très peu s’est fait ces dernières années car les deux pays moteurs en Europe, à savoir la France et l’Allemagne, ne sont pas du tout d’accord sur les sujets du nucléaire. Il y a une coupure en Europe entre la France et l’ensemble des pays d’Europe centrale (…) qui ont beaucoup de charbon, un potentiel limité en énergie renouvelable et le gaz comme seule solution. Patrick Criqui

Florian Delorme reçoit Patrick Criqui, économiste, directeur de recherche au CNRS et au laboratoire d’économie appliquée de l’Université de Grenoble et Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du Centre Énergie et Climat de l’Ifri et spécialiste des échanges gaziers entre la Russie, l’Ukraine et l’Union européenne.

 > Écouter l'émission sur le site de France Culture [1]