Publié le 06/01/2022

Michaël LEVYSTONE, interviewé par Paul Véronique dans L'Express

Explosion de violence au Kazakhstan. Des dizaines de manifestants ont été tués et des milliers d'autres ont été blessés jeudi dans des affrontements avec la police. Commencé dimanche sur fond d'augmentation du prix du gaz, le mouvement de colère a rapidement gagné en intensité depuis lors, tout en virant à l'émeute politique à Almaty, capitale économique de cette ancienne république soviétique. 

Face au chaos, Moscou et ses alliés de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), qui inclut l'Arménie, le Tadjikistan, la Biélorussie, le Kirghizistan et le Kazakhstan, ont annoncé jeudi l'envoi d'une "force collective de maintien de la paix", après l'appel en ce sens envoyé la veille par le président kazakhstanais Kassym-Jomart Tokaïev. Pour Michaël Levystone, chercheur spécialiste du Kazakhstan et de l'Asie centrale au centre Russie de l'Institut français des relations internationales (IFRI), cette intervention militaire pourrait déboucher sur un regain d'influence russe dans le pays. 

L'Express : Doit-on craindre une aggravation de la situation au Kazakhstan dans les prochains jours ? 

Michaël LevystoneCette situation est totalement inédite au Kazakhstan. Et le risque est effectivement réel. Au départ, le président Kassym-Jomart Tokaïev a plutôt essayé de jouer l'apaisement en faisant marche arrière sur la hausse du prix du gaz, en limogeant son gouvernement, et même en écartant l'ancien président Nazarbaïev - très contesté par la rue - de la direction du Conseil national de sécurité. Mais force est de constater que ces décisions fortes n'ont pas calmé l'élan protestataire.

De fait, on assiste depuis mercredi à un durcissement très fort du discours et des actes, avec un bilan humain qui s'est considérablement alourdi. On se trouve très clairement aujourd'hui dans une phase beaucoup plus ferme dans la gestion de cette crise. Or si le mouvement de contestation n'a pas été apaisé par les gages de bonne volonté du pouvoir, on a du mal à imaginer qu'il puisse l'être maintenant que de nombreux morts sont à déplorer et que le pouvoir fait appel à des forces de sécurité étrangères. 

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