Publié le 25/02/2022

Olivier APPERT, cité par Jacques Sayagh dans Ouest France

Le baril de Brent de mer du Nord a dépassé les 100 dollars, ce qui n’était pas arrivé depuis 2014. Soit une hausse de 8 %. Le conflit en Ukraine accélère « le choc pétrolier rampant », constaté depuis un an.

Le pétrole brut connaît une hausse ininterrompue depuis un an. L’offensive russe en Ukraine accélère cette tendance. Mais va-t-elle se poursuivre ? Voici des éléments de réponses.

Les prix du pétrole s’accroissent mais le record n’est pas battu

Vrai. Le baril (159 litres) de Brent de mer du Nord dépasse les 100 dollars (90 €), ce qui n’était pas arrivé depuis 2014. Mais le record reste autour de 140 dollars (125 €), en 2008, juste avant la crise financière.

La hausse est brutale

Faux. Elle est continue depuis le plongeon autour des 20 dollars (18 €) au début de la pandémie.

« On a assisté en 2021 à un choc pétrolier rampant », résume Olivier Appert, conseiller du centre énergie de l’Ifri (Institut des relations internationales). La reprise de l’activité a tiré les prix à la hausse.

La production a baissé

Faux. Elle atteint 99 millions de barils quotidiens, contre 96 millions il y a quatre mois. Mais elle n’augmente pas aussi vite que la demande. L’OPEP+, qui rassemble treize pays exportateurs menés par l’Arabie Saoudite, et leurs alliés (dont la Russie), avait réduit massivement sa production en mai 2020 pour faire remonter les cours. Depuis, elle l’accroît, mais insuffisamment pour calmer la fièvre des prix.

« Les États-Unis ont tenté de convaincre l’OPEP+ d’aller au-delà, » note l’expert. « Mais l’Arabie Saoudite fait face à un dilemme. Alliée de longue date des États-Unis, elle est aussi associée à la Russie dans l’OPEP+. »

La Russie est un poids lourd du pétrole

Vrai. C’est le troisième producteur mondial avec quelque 10 millions de barils par jour, dont deux millions vers l’Europe (9 % des importations françaises). Un embargo est-il envisageable ?

« Les États-Unis pourraient mettre cette idée sur la table. Elle ne leur coûterait rien car ils couvrent leurs besoins par leur production. Mais l’Europe se tirerait une balle dans le pied. Le pétrole, il faudra le trouver quelque part. Ce n’est pas facile dans la mesure où nombre de pays (Angola, Nigeria, Lybie…) n’arrivent pas à satisfaire leurs objectifs de production. »

Bref, les prix risquent de continuer à croître.

En France, l’État gagne de l’argent avec la hausse du carburant

Vrai. La matière première est frappée d’une TVA à 20 %. Son produit pour l’État augmente donc avec la hausse du pétrole brut. Néanmoins, l’essentiel de la fiscalité sur le carburant (60 % du coût au litre) ne dépend pas du prix mais de la consommation. Ce débat agite la campagne. Marine Le Pen (RN) veut ramener « la TVA à 5,5 % ». Anne Hidalgo (PS) réclame, elle, « une baisse transitoire de la TVA ». Pour l’instant, l’État n’annonce pas de nouvelle mesure. Il souligne « les 15 milliards déjà engagés » : prime inflation, chèque énergie etc. Mais cela suffira-t-il ? En moyenne, le litre de sans-plomb 95 atteint 1,79 €.

 > Lire l'article sur le site du journal Ouest France [1]