Publié le 10/05/2022
Olaf Scholz, chancelier allemand, Sommet extraordinaire de l'OTAN, Bruxelles, 24 mars 2022

Paul MAURICE, invité dans "Cultures monde" sur France Culture

Entre rappel honteux des atrocités commises et célébration heureuse de la fin du totalitarisme, la célébration du 8 mai 1945 rencontre forcément un écho contrasté et ambivalent en Allemagne. Dans un contexte de remilitarisation, quelle portée politique et symbolique donner à cette journée ?

Érigée en contre-modèle du communisme de la RDA ou de la social-démocratie ouest-allemande, la barbarie nazie a longtemps façonné la société et la politique du pays. Parmi ces principes fondateurs : une posture résolument pacifiste que la guerre en Ukraine est venue révolutionner. Le 27 février dernier, Olaf Scholz annonçait en effet le déblocage d’un fonds de 100 milliards d’euros pour renforcer la Bundeswehr face à la menace russe, assorti de livraisons massives d’armes à Kiev.

Dans ce contexte de remilitarisation, quelle portée symbolique et politique donner à cette journée du 8 mai en Allemagne ? Comment la classe politique allemande se positionne-t-elle par rapport à l’implication de Berlin dans le conflit ukrainien ? Ce “changement d’époque” décrit par Olaf Scholz témoigne-t-il d’une évolution de l’Allemagne, moins traumatisée par son passé ? Comment le réveil militaire allemand peut-il s’intégrer dans le projet d’Europe de la défense lui aussi relancé par la guerre en Ukraine ?

Florian Delorme reçoit Marie-Bénédicte Vincent, professeure en histoire contemporaine à l’université de Franche-Comté et chercheuse au centre Lucien Febvre et Paul Maurice, chercheur au Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l’IFRI. 

"Le rapport de l’Allemagne au 8 mai a beaucoup évolué depuis 1945.  Les priorités liées à la Guerre Froide et l’anticommunisme de la République Fédérale Allemande ont posé une sorte d’écran sur la commémoration du 8 mai. Ce n’est qu’avec la prise de conscience progressive de l’ampleur des crimes nazis qu’a émergé en Allemagne une nouvelle perception de cette date, celle d’un jour de libération" explique Marie-Bénédicte Vincent.

"La loi fondamentale de la RFA interdisait la guerre d’agression et le fait que l’Allemagne puisse prendre part à un conflit. Mais les nécessités imposées par la Guerre Froide et la prise de conscience de la menace soviétique ont conduit à la recréation de la Bundeswehr, l’armée allemande" observe Paul Maurice.

 

>> Ecouter le podcast sur le site de France Culture [1]