Publié le 18/05/2022
Le président Erdogan s'adressant au groupe parlementaire de l'AKP, le 18 mai 2022

Dorothée SCHMID, citée par Virginie Robert dans Les Echos

Le président Erdogan profite d'un changement de géopolitique majeur en Europe, avec la demande d'adhésion de la Finlande et la Suède à l'Otan, pour tenter de faire avancer des dossiers au coeur des intérêts d'Ankara.

Le feuilleton de l'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'Otan ne fait que commencer. Les deux pays ont formellement remis, mercredi, leur candidature à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord - rompant, à cause de l'agression russe en Ukraine, avec des décennies de neutralité et de non-alignement militaire - mais la lumière s'est aussitôt déportée sur la Turquie.

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Marchandage

Ces dernières années, Ankara a profité du mandat de Donald Trump, qui a désorganisé l'Otan, et du Brexit, qui a distrait les Britanniques, pour conforter ses assises au sein de l'Alliance atlantique, malgré des dissensions nombreuses. Le régime turc cherche aujourd'hui à prouver son autonomie et à obtenir des avancées espérées depuis longtemps.

Il veut faire valoir « ses intérêts » , notamment dans sa guerre totale contre le PKK, qui pousse aujourd'hui les Turcs à des opérations très risquées en Irak. Ils veulent que la lutte contre le PKK soit classée dans les objectifs de l'Otan. « Aucun de nos alliés n'a jamais respecté ces inquiétudes, je ne parle pas de soutien », a insisté le chef de l'Etat.

  • « La Turquie estime être en passe de prendre des positions très importantes à l'Otan. Elle remet donc sur la table tous les dossiers qui comptent pour elle », explique Dorothée Schmid, chercheuse à l'Ifri (Institut français des relations internationales).

Face-à-face avec la Russie

  • « La Turquie contrôle les détroits et se situe sur tous les dossiers de désengagement américain au Moyen-Orient : elle avait négocié la sécurisation de l'aéroport de Kaboul avec les Américains jusqu'à ce que les talibans s'interposent, poursuit-elle. C'est encore la Turquie qui est face à la Russie en Mer noire, ce qui va devenir un énorme sujet, comme elle l'est en Syrie, où elle reproche la trahison des Américains, proches des Kurdes. Et elle s'est engagée dans une lutte d'influence avec la France en Méditerranée. »

Il y a déjà eu un précédent de blocage avec les pays scandinaves quand la Turquie s'était opposée au choix du Danois Anders Fogh Rasmussen comme secrétaire général de l'Otan. Cela s'était soldé par un accord une fois qu'un adjoint turc avait été nommé.

  • « Le fait qu'ils ciblent la Suède, alors qu'elle est le pays ayant le plus constamment soutenu la Turquie dans son adhésion à l'Union européenne, montre que l'alliance atlantique a plus d'importance que l'UE pour la Turquie aujourd'hui », poursuit Dorothée Schmid.

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