Publié le 25/05/2022
Bureau régional de la SWAPO, Oshikoto, Namibie

Selma EL OBEID, John MENDELSOHN

L'Organisation du peuple du Sud-Ouest africain (SWAPO) se trouve de plus en plus sur un terrain instable, entre les divisions internes et le ressentiment externe. Alors qu'aucun nouveau parti politique important n'a vu le jour depuis l'indépendance, les partis d'opposition gagnent progressivement du terrain, principalement parmi les jeunes électeurs, et contrôlent désormais les trois centres économiques les plus importants, affaiblissant la domination de la SWAPO, parti unique au pouvoir depuis trente ans.

 

La vieille garde de la SWAPO s’est engagée dans une lutte acharnée pour le leadership, tandis que les membres de la Ligue des jeunes de la SWAPO réclament des réformes populistes. Des membres rivaux de la SWAPO appellent ouvertement à la révocation du gouvernement de Geingob. Il est devenu monnaie courante que les partisans de la ligne dure de la SWAPO profèrent des menaces, directes ou indirectes, à l’encontre de leurs adversaires. Dans ce contexte, les scrutins de 2019 ont mis en lumière le déclin important de la popularité du parti. Le candidat présidentiel de la SWAPO, Hage Geingob, a été élu avec une majorité de 56 %, bien en deçà des 86 % qu’il avait obtenus en 2014.

Pour la première fois, le parti a perdu sa majorité des deux tiers à l’Assemblée nationale, ainsi que sa prédominance dans les conseils locaux lors de l’élection des autorités locales de 2020. Cette dégringolade est le résultat des difficultés économiques de la Namibie, des scandales de corruption de haut niveau et des luttes de pouvoir internes, ainsi que d’un électorat plus jeune et plus avisé. La SWAPO s’est muée en un véritable empire commercial, au bénéfice de son élite de patrons et de clients, loin du rôle important qu’elle avait joué dans l’indépendance de la Namibie en 1990 et de sa promesse d’assurer un développement social et économique global. Les jeunes électeurs de la génération dite « born free » et la population namibienne qui s’urbanise rapidement changent ainsi la donne sur le plan politique, en réclamant des dirigeants responsables et de meilleures opportunités économiques.

Malgré le mécontentement croissant à l’égard du parti au pouvoir, aucun nouveau parti politique important n’a vu le jour depuis l’indépendance. Cependant, les partis d’opposition gagnent progressivement du terrain, principalement parmi les jeunes électeurs, et contrôlent désormais les trois centres économiques les plus importants – Windhoek, Walvis Bay et Swakopmund. Après trente ans à la tête du pays, l’hégémonie du parti unique de la SWAPO s’est affaiblie et le parti devra désormais se battre pour conserver sa place dans la vie politique.

Cette note analyse les nouvelles dynamiques politiques à l’œuvre en Namibie, à travers les résultats des dernières élections nationales et locales. Les auteurs de la note rendent compte des raisons du déclin de la SWAPO et de ses perspectives de maintien au pouvoir.

 

>>> Ce contenu est disponible en anglais (PDF) : SWAPO: The Beginning of the Political Challenge [1]

 

Visionnez l'interview vidéo de Selma El Obeid sur l'état de la démocratie en Namibie :