Publié le 15/06/2022
Peuls travaillant avec du bétail, région du Grassland, Nord-Ouest du Cameroun

Fanta DADA PETEL, Thierry VIRCOULON

Cette étude met en lumière la situation particulière de la minorité Mbororo qui s’est implantée dans la province anglophone du Nord-Ouest du Cameroun, plus propice à l’élevage que le Sud-Ouest.

Depuis la proclamation de l’indépendance des deux régions anglophones du Cameroun le 1er octobre 2017, les forces camerounaises affrontent les militants sécessionnistes appelés Ambazoniens. Dans l’une de ces deux provinces (le Nord-Ouest), la communauté des éleveurs Peuls Mbororo s’est rangée du côté du gouvernement camerounais.

Ce positionnement dans le conflit anglophone résulte d’un choix politico-stratégique et donne lieu à une guérilla foncière dans la région.

Les Mbororo se sentent, en effet, exclus par les communautés autochtones de cultivateurs dans une région saturée par les conflits fonciers. Lorsque la crise anglophone a éclaté en 2017, la coexistence entre les populations autochtones du Nord-Ouest et les Peuls Mbororo qui se sont sédentarisés dans les collines de cette province depuis presque un siècle était déjà difficile en raison des conflits fonciers et agropastoraux qui pouvaient, épisodiquement, dégénérer en violences intercommunautaires. 

En prenant le parti du gouvernement, ils espèrent que celui-ci reconnaitra la légitimité de leur sédentarisation et limitera les pratiques d’extorsion des forces régulières de sécurité à leur encontre.

Les milices mbororo apportent à ces dernières leur connaissance du terrain et leur servent à l’occasion de supplétifs. Plusieurs conflits locaux s’insèrent donc dans le conflit anglophone et l’alimente. Mais compte tenu de l’impasse du conflit anglophone, des communautés s’efforcent de sortir de cette guérilla foncière en préservant des espaces de coexistence pacifique et en négociant par le bas.