Publié le 27/06/2022
Affiches de campagne des candidats Ferdinand Marcos Jr. et Sara Duterte

Sophie BOISSEAU du ROCHER

Le lundi 9 mai, les Philippins ont voté pour une série d’élections (présidentielle, législative et sénatoriale, municipales, gouverneurs de province) qui ont abouti au choix – sous forme de plébiscite – de Ferdinand Marcos Junior (dit Bongbong Marcos – BBM), le fils de l’ancien dictateur déchu, comme 17e président des Philippines. 

Sara Duterte, la fille du président sortant, a été élue vice-présidente. L’un et l’autre seront investis le 30 juin 2022.

Ces résultats, sans aucune ambiguïté, replacent les Philippines, un temps « vitrine de la démocratie » puis « homme malade de l’Asie », dans une dynamique inquiétante. Ils auront des effets non seulement sur la trajectoire politique du pays mais aussi sur l’ordre régional et les équilibres mondiaux.

La présidence Marcos Junior, même si elle ne réplique pas les excès de son père, expose les Philippines à d’autres dérives (manipulation des faits, refus de débattre, favoritisme clanique, exacerbation des discours nationalistes, contournement des institutions…) qui mettent en avant les implications essentielles pour l’avenir de la démocratie philippine.

En matière de politique étrangère, Ferdinand Marcos Jr a annoncé poursuivre les grandes orientations de son prédécesseur, à savoir distanciation avec les États-Unis et rapprochement avec la Chine. Ce pourrait être une nouvelle préoccupante non seulement pour Washington mais aussi pour les pays occidentaux, car en raison de leur valeur stratégique, les Philippines sont un partenaire essentiel du système de défense occidental. 

Même si les basculements ne se produiront probablement pas dans les mois qui viennent, l’affaiblissement possible de cet allié essentiel dans le dispositif américain, et son possible raccordement à la sphère d’influence chinoise, constituerait sans aucun doute un revers majeur. Cette option-là justifiera probablement que l’objectif démocratique passe au second plan.