Publié le 01/12/2022
© Jawad Allazkani, JRS France

Nadine CAMP

Au lendemain du 24 février 2022, en Europe et en France, de nombreux citoyens se sont spontanément montrés solidaires des personnes qui fuyaient la guerre en Ukraine, leur proposant une aide matérielle, un soutien financier et de les accueillir chez eux. Si cet élan de solidarité est à plus d’un titre remarquable, il s’inscrit dans le prolongement de mouvements antérieurs en faveur des personnes exilées.

En 2015, la crise de l’accueil des réfugiés en Europe avait déjà suscité une vive émotion. Les initiatives individuelles et collectives s’étaient multipliées pour contribuer à un accueil digne des personnes exilées. Particulièrement visible en Allemagne, cette mobilisation a également été importante en France et a engendré une modification, discrète, mais bien réelle, du paysage de l’accueil, en mettant notamment en avant la notion d’hospitalité et de rencontre entre la société d’accueil et les personnes exilées.

Parmi les différentes formes de mobilisation citoyenne, l’hébergement citoyen n’est certainement pas la plus répandue mais elle est l’une de celles qui impliquent la forme d’engagement personnel la plus forte de la part des individus concernés, touchant jusqu’à leur intimité. Ce type de mobilisation s’est par ailleurs largement développé au cours des derniers mois, jusqu’à devenir une des principales solutions d’accueil des personnes déplacées d’Ukraine depuis mars 2022.

Cette étude s’appuie sur une série de 28 entretiens avec des représentants d’institutions nationales et locales, d’associations et de collectifs. Elle prend pour point de départ l’analyse du cas de la métropole de Lyon et du département du Rhône, à la fois fortement touchés par le manque de capacités d’accueil et terreau de nombreuses initiatives d’hébergement citoyen. En prenant en compte les récentes évolutions liées à l’accueil de personnes déplacées d’Ukraine et les enjeux de cette forme d’accueil au niveau national, elle s’interroge sur les conditions permettant à l’hébergement citoyen de contribuer à un meilleur accueil des personnes exilées en France.