Publié le 10/01/2023
Manifestation à Tel Aviv contre le gouvernement de Nétanyahou

Thierry de MONTBRIAL, cité par François Nordmann dans Le Temps

La guerre en Ukraine prend toute la lumière, pourtant le Proche-Orient reste une cocotte-minute. Le Conseil de sécurité de l'ONU – avec la Suisse à bord – s'en préoccupe mais les signaux ne sont pas bons.

Thierry de Montbrial, président de la World Policy Conference [1] récemment réunie à Abou Dhabi, interroge le prince Faisal bin Farhan Al Saoud, ministre saoudien des Affaires étrangères:

« Que pensez-vous des Accords d’Abraham ? »

Le ministre: « Quelle est la question? Peu importe d’ailleurs la question, ajoute-t-il. Je vais vous donner la réponse: c’est l’Etat palestinien. »

S’il n’y a pas d’Etat palestinien, il sera difficile à l’Arabie saoudite de se joindre aux Emirats arabes unis et autres signataires desdits accords. Peu auparavant, M. Itamar Rabinovich, professeur d’université et ancien diplomate israélien, avait déclaré lors d’une table ronde que les Accords d’Abraham n’avaient eu qu’une portée limitée: ils ont donné lieu à des échanges économiques, mais n’ont pas structuré la politique régionale, contrairement à ce que prévoyaient ses promoteurs il y a deux ans. On pouvait alors considérer la situation avec un certain optimisme. Aujourd’hui, les perspectives sont plus sombres.

La guerre d'Ukraine domine la scène internationale. La Turquie et l'Iran - partenaires plus ou moins liés à la Russie - s'impliquent comme jamais dans la politique régionale. Le centre de gravité de la région s'est déplacé de l'Egypte vers les Etats du Golfe. Enfin, la politique israélienne vit des temps troublés. La coalition dont faisait partie pour la première fois un parti arabe israélien a été remplacée par un gouvernement comportant l'extrême droite. C'est un développement négatif pour la société israélienne et pour les Palestiniens.

L'orateur exprime des doutes sur la durée de vie de ce nouveau gouvernement : il implosera sous l'effet des exigences des extrémistes, ou sera l'objet de protestations massives de l'opinion publique. Mais l'année qui s'ouvre sera difficile. Et il ne faut pas oublier que le premier ministre Netanyahou est poursuivi pour corruption et qu'il fera tout pour éviter la prison.

Dans ce contexte, il faut encore relever que l'année 2022 a été marquée par une recrudescence de la violence dans les territoires palestiniens occupés et en Israël même : le cycle des attentats et des représailles a rarement été aussi préoccupant. Aucun effort n'est tenté en vue d'une reprise des négociations israélo-palestiniennes. La solution à deux Etats, qui reste l'objectif des chancelleries occidentales, a reculé dans l'ordre des priorités. Le maintien du statu quo, notamment à Jérusalem, est devenu la question la plus urgente, comme l'a illustré le récent débat du Conseil de sécurité. La situation au Proche-Orient est le thème à l'ordre du jour depuis le début de l'année et la Suisse a été amenée à s'exprimer là-dessus à deux reprises le 5 janvier dernier. Une première fois, avec fermeté, sur l'obligation dans laquelle se trouve la Syrie de détruire entièrement le stock d'armes chimiques en sa possession, puis un peu plus tard, avec prudence, sur la présence d'un ministre israélien sur le mont du Temple - Al-Haram al-Charif. C'est la seconde fois en dix jours que la représentation suisse à l'ONU avait à se prononcer sur une initiative palestinienne.

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