Publié le 28/02/2023

Thierry VIRCOULON, interviewé par La Dépêche

Emmanuel Macron se rend dans quatre pays d’Afrique, le Gabon, l’Angola, le Congo et la République démocratique du Congo (RDC), à partir du 1er mars 2023. Chercheur à l'IFRI, Thierry Vircoulon analyse cette visite et les enjeux sur le continent africain.

Pourquoi Emmanuel Macron se rend-il en Afrique ?

C’est une tradition des présidents français en début de mandat. Ils font généralement un discours qui expose leur stratégie africaine puis un voyage en Afrique. La seule différence cette année est que le discours n’est pas prononcé en Afrique mais à Paris, ce qui est politiquement moins risqué (lire encadré).

Cette visite est-elle motivée par des intérêts économiques ?

Économiquement, la France n’a plus beaucoup d’intérêts en Afrique. La part du continent dans le commerce extérieur français est devenue presque insignifiante. La visite du président français correspond plus à une tentative de maintenir son influence et de ne pas perdre trop de terrain.

Justement, quelle est aujourd’hui l’image de la politique étrangère française en Afrique ?

La politique étrangère de la France en Afrique est extrêmement contestée. Politiquement et militairement, c’est devenu risqué d’aller en Afrique avec le rejet de Barkhane par les opinions publiques africaines qui a exacerbé les ressentiments anti-français.

Quel intérêt pour ces pays d’accueillir Emmanuel Macron ?

Ils ne sont pas dans une posture de rejet du partenariat avec la France. Leur politique est plutôt de dire qu’ils travaillent avec tout le monde, qu’ils diversifient leurs partenariats. Ils veulent continuer de pouvoir bénéficier des diverses aides et investissements que peuvent leur offrir Paris. En plus de ceux des Russes ou encore des Chinois.

Pourquoi constate-t-on un récent regain d’importance de l’Afrique dans les relations internationales ?

On est de retour dans une logique de guerre froide, où le tiers-monde avait déjà joué un rôle important. Les pays africains représentent aussi des voix aux Nations unies et offrent donc une clientèle diplomatico-militaire. Cela fait partie des éléments de puissance et d’influence internationale.

Les pays africains vont donc devoir choisir leur camp ?

Ces pays essaient de jouer la carte du non-alignement, mais la neutralité devient difficile car ils subissent des pressions des deux côtés. Si Sergueï Lavrov ne cesse de multiplier les tournées africaines, c’est qu’il y a une raison. Même chose pour la visite d’Emmanuel Macron. Elle s’inscrit dans la compétition stratégique internationale en cours sur le continent.

Lire l'entretien sur le site de La Dépêche [1]