Publié le 08/01/2024
Palais de Khudoyar Khan, Kokand, Ouzbékistan

Cette étude propose de décrypter les relations complexes entre politique, islam et société en Ouzbékistan et, plus particulièrement, les dynamiques à l’œuvre dans le renouveau religieux de la jeunesse ouzbèke.

Depuis l’indépendance de l’Ouzbékistan, cette jeunesse évolue en effet dans une société marquée par l’opposition entre un islam des Lumières, symbole officiel de la tradition et de l’histoire de la nation ouzbèke, et un islam politique perçu comme extrémiste et sous l’influence de mouvances islamistes étrangères.

Pour comprendre le renouveau islamique observé ces dernières années chez les jeunes Ouzbeks, il faut distinguer le regain de religiosité des travailleurs migrants ouzbeks à l’étranger, notamment en Russie, et la recrudescence de signes extérieurs d’appartenance religieuse en Ouzbékistan. En Russie, les jeunes Ouzbeks se retrouvent au contact d’un islam transnational prônant une pratique rigoriste éloignée de la tradition religieuse ouzbèke et pouvant aboutir à leur radicalisation. En Ouzbékistan, les signes extérieurs semblent surtout refléter une stratégie identitaire, qu’elle soit économique, sociale ou matrimoniale, plutôt que l’expression d’une identité religieuse profondément vécue.

Olivier Ferrando est maître de conférences en science politique à l’Université catholique de Lyon et rattaché à l’Unité de recherche Confluence Sciences & Humanités.