Publié le 27/11/2011

Henning RIECKE

Affichant sa volonté d’assumer ses responsabilités dans les interventions internationales, mais s’abstenant lors du vote de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies sur la Libye, l’Allemagne semble avoir adopté une attitude imprévisible. La politique étrangère allemande a longtemps été marquée par une culture stratégique forte reposant sur l’attachement aux valeurs, sur le multilatéralisme et la mise en place de partenariats, ainsi que sur l’antimilitarisme et la préférence pour les actions civiles. Mais l’Allemagne se trouve aujourd’hui dans une situation complexe causée par le décalage entre ces principes et son statut de puissance qu’elle peine à assumer.

Cette contribution analyse donc les évolutions de la culture stratégique allemande. Si les principaux éléments qui la composent perdurent, il n’en ressort pas moins des changements dans les fonctions de l’attachement aux valeurs ou du multilatéralisme. Ils relèvent d’une normalisation par laquelle les intérêts de l’Allemagne et les considérations de Realpolitik entrent désormais davantage en ligne de compte. En revanche, l’antimilitarisme constitue une source manifeste de problèmes et de tensions.

Une définition plus claire des intérêts et des priorités de l’Allemagne est nécessaire. Mais plus globalement, une discussion stratégique doit être menée afin de surmonter les blocages constatés par la mise en place d’une politique à même de changer les mentalités.

Henning Riecke dirige le programme « Relations transatlantiques » à la Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik (DGAP) à Berlin.