Publié le 11/12/2012

Mihoub MEZOUAGHI

L’Algérie, longtemps désignée comme « l’homme malade » du Maghreb, se voit désormais présentée comme la puissance régionale. L’affirmation soudaine de ce nouveau statut dans les analyses de nombreux observateurs de l’actualité africaine et experts ès géopolitique traduirait une évolution manifeste des rapports de force régionaux.

La stabilité relative de l’Algérie dans un contexte de désordre dans le monde arabe ne suffit pas à expliquer ce changement de perception. La déliquescence accélérée des États du Sahel – faisant peser un risque de déstabilisation régionale – et l’internationalisation de la crise malienne marquent sans doute un point d’inflexion dans les équilibres régionaux, ouvrant à l’Algérie une fenêtre d’opportunité pour redéfinir ses relations avec les pays limitrophes et plus globalement avec les puissances internationales.

Cette rhétorique circonstancielle, certes flatteuse pour l’Algérie, est-elle pour autant corrélée à sa capacité réelle d’influence ? L’Algérie est-elle en mesure de s’affirmer comme une puissance régionale ? Quels en seraient, alors, les ressorts objectifs ?

Ces questions supposent un examen approfondi et nuancé des relations extérieures de l’Algérie, de leur évolution historique et des enjeux politiques, économiques et sociaux dans la région. Ce court papier s’attachera plus modestement – et au-delà de l’actualité de la crise malienne – à souligner les limites d’une diplomatie qui repose principalement sur une gestion de la rente pétrolière et sécuritaire. Les inerties idéologiques, politiques et économiques l’inscrivent davantage dans une trajectoire de puissance régionale incertaine.