Publié le 09/12/2012

François GAULME

La relation conflictuelle entre l'État et les sociétés locales n'a rien de nouveau. Ce qui est inédit, en revanche, c'est la prolifération contemporaine d'États cooptés au sein d'un système international unique, celui de l'ONU, avec 193 membres en 2011 contre 51 à l'origine.

Ce modèle s'est imposé à l'échelle de la planète tandis que se multipliaient des organisations internationales destinées à atténuer concrètement les frictions et les conflits. Pourtant, la multiplication du nombre des États n'a pas conduit à la stabilité mondiale. Bien au contraire, les guerres civiles se sont multipliées depuis la fin des empires tout comme les signes de " fragilité " au sein de bien des États.

L'examen des situations où coexistent des pouvoirs politico-administratifs post-coloniaux - correspondant aux standards internationaux de la gouvernance étatique - et des autorités dites " coutumières " ou " traditionnelles " - d'origine précoloniale -, est donc devenu, sous le vocable de " régimes hybrides ", l'un des champs de réflexion privilégiés dans la recherche d’une consolidation structurelle des États qualifiés de " fragiles " ou de " faillis ". Cette analyse montrera que c'est là une question très complexe, impliquant des modes de légitimité distincts et parfois opposés, dont la complémentarité n'est nullement acquise à l'avance comme dans les théories constitutionnelles de séparation des pouvoirs.