Publié le 12/05/2015

Frank UMBACH

En réponse à la catastrophe nucléaire survenue à Fukushima au Japon en mars 2011, l’Allemagne a décidé d’entamer unilatéralement une transition énergétique sans précédent en se fixant des objectifs particulièrement ambitieux comme la sortie progressive du nucléaire d’ici 2022 ainsi que l’instauration d’un système énergétique viable et autosuffisant sur le long terme. 

Cette décision a été reçue de manière très variable. Au sein de son propre pays, la transition énergétique proposée par Angela Merkel a été majoritairement applaudie même si elle s’inscrivait en rupture totale avec les politiques menées précédemment visant à prolonger la durée de fonctionnement des centrales nucléaires. Elle a cependant été davantage critiquée à l’étranger, et notamment parmi les partenaires européens de l’Allemagne, dans la mesure où ces derniers n’avaient pas été consultés avant toute prise de décision malgré l’impact fort que celle-ci pouvait avoir sur leur propre sécurité énergétique.

Quatre ans après l’annonce par Angela Merkel du début de la transition énergétique, force est de constater que beaucoup d’efforts restent encore à accomplir et que les objectifs fixés sont loin d’être atteints. La politique énergétique allemande n’a tout d’abord pas su s’adapter suffisamment au contexte mondial en constante mutation, marqué notamment par la révolution du gaz de schiste aux États-Unis, les bouleversements géopolitiques, l’absence de volonté d’engagement de la part des grands pollueurs, etc. Pour le moment, elle a échoué également à trouver un équilibre viable entre protection environnementale, sécurité énergétique et compétitivité, et à agir en adéquation avec ses partenaires européens sans lesquels il lui sera impossible de relever les grands défis du changement climatique et de la sécurité énergétique européenne. Si l’Allemagne ne parvient pas à atteindre ses objectifs, elle pourrait voir sa compétitivité et son influence géopolitique et économique se dégrader au niveau international, entraînant avec elle un affaiblissement de l’UE dans le monde.

Frank Umbach est directeur de recherche au European Centre for Energy and Resource Security (EUCERS) du King’s College de Londres et associé senior au Centre for European Security Strategies (CESS) GmbH de Munich.

 

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