Efficacité énergétique : les calculs compliqués de la Commission

Qui ne connaît les trois fois 20, ces piliers de la politique énergétique européenne ? Mais qui est capable de donner la définition exacte ?
Récemment, la Commission a annoncé que les efforts actuels ne permettraient pas d’atteindre le troisième, celui sur l’amélioration de l’efficacité énergétique.
Comment est-il calculé? A partir de 1990, comme on le pense généralement ? Erreur. C’est par rapport à 2005 que raisonne la Commission. A partir du scénario de base du modèle PRIMES, elle a estimé en 2007 la consommation primaire de l’Union en 2020 : 1968 millions de TEP. Ce scénario suppose :
• une croissance économique de 2,2% par an de 2005 à 2020,
• des baisses de consommation d’énergie dues aux effets des prix, des changements structurels et des mesures déjà adoptées.
Ces baisses sont estimées à 1,8% par an sur la période, ce montant se décomposant en impact des changements de structure (0,6%), des effets politiques déjà décidés (0,35%) et progrès autonomes d’efficacité (0,85%). En cumul, l’estimation de 2020 tient déjà compte des 470 millions de TEP de baisse de consommation d’énergie résultant de l’évolution de l’économie européenne.
C’est du chiffre de 1968 millions de TEP que la Commission déduit un rabais volontaire de 20%, soit à peu près 390 millions de TEP. L’objectif à atteindre en 2020 s’élève maintenant à environ 1575 millions de TEP.
Vient la crise et la chute de la croissance. PRIMES réévalue la prévision de 2020 compte-tenu des mesures prises jusqu’à 2009 et la fixe à 1781 millions de TEP. Conclusion : Il manque encore 204 millions pour atteindre les fameux 1575.
Encore des efforts, Européens. La crise n’a pas été assez profonde, et il est grand temps de mettre en œuvre les réglementations supplémentaires demandées par la Commission.
Ces calculs ne peuvent que créer un malaise. En fait, le seul objectif important pour la lutte contre le changement climatique est la baisse absolue des émissions de gaz à effet de serre. Nous avons des devoirs envers l’humanité, mais point n’est besoin de nous suicider pour les remplir. Et faisons davantage confiance aux prix (y compris du carbone) et au comportement des agents économiques.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analyses
Géopolitique du carbone. L’Europe en quête de puissance climatique
Alors que le monde reste très largement carboné et que le pic des émissions de gaz à effet de serre n’est pas encore atteint, la régulation du carbone et les technologies bas carbone sont un enjeu de rivalité entre puissances étatiques, entreprises, ONG et individus. Le climat, qui oblige à l’action commune malgré et au-delà des rapports de force, pose de multiples défis.
La dimension stratégique des compétences dans le pacte européen pour une industrie propre
Dans les batailles de la transition énergétique et de la compétitivité, l’Union européenne (UE) doit maîtriser un facteur déterminant : les compétences.
La transition énergétique au défi de la géopolitique. Comment dépasser les clivages idéologiques ?
Les positions et politiques du président Trump, les records de consommation de charbon et une demande d’électricité en plein boom dans le monde, la confrontation géoéconomique et les préoccupations généralisées sur la sécurité énergétique changent la donne pour l’appréhension des trajectoires réalistes de décarbonation.
La nouvelle politique énergétique des États-Unis : domination énergétique ou repli ?
Depuis son entrée en fonction, le président Trump a défini et commencé à mettre en œuvre une nouvelle stratégie énergétique pour les États-Unis, visant à soutenir les énergies fossiles, l’industrie nucléaire et le secteur des minéraux critiques.