10
oct
2023
Espace Média L'Ifri dans les médias
Palestinian factions launch a large batch of rockets from the Gaza Strip towards Israel
Amélie FEREY, Invitée par Guillaume Erner dans l'émission Les matins sur France Culture

Après l’attaque du Hamas : Israël lance une riposte militaire inédite

Si tout porte à croire que le Hamas préparait depuis longtemps cette attaque, les renseignements israéliens n’ont pas sonné l’alerte. Pris au dépourvu, le gouvernement est désormais sous le feu des critiques pour son manque d’anticipation. Cette mise en échec aurait-elle pu être évitée ?
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Avec
  • Pierre Razoux Directeur académique de l'Institut Fondation méditerranéenne d'études stratégiques (FMES)
  • Amélie Ferey Chercheuse au centre des études de sécurité de l’Ifri et coordinatrice du laboratoire de recherche sur la défense

Bien que tout indique que le Hamas planifiait cette attaque depuis un certain temps, les services de renseignement israéliens n'ont pas donné l'alarme. Dans cette situation imprévue, le gouvernement fait désormais l'objet de vives critiques en raison de son absence de prévision. Aurait-il été possible d'éviter ce revers ?

 

 

Faut-il s'attendre à une offensive terrestre de la part d'Israël ?
 
"Il faut s'attendre à ce qu'il y ait des voix, notamment du côté des colons qui demandent une occupation de Gaza pour en finir avec le Hamas. C'est quelque chose qui avait été promis par Netanyahou. Cela va être difficile de le faire advenir sans occupation", affirme Amélie Ferey, chercheuse au centre des études de sécurité de l’Ifri. Néanmoins, une offensive terrestre de la part de l'armée israélienne Tsahal engendrerait de lourdes pertes humaines : "les rues de Gaza sont étroites donc l'armée ne peut pas passer avec des tanks et doivent déployer des soldats. Le risque est qu'ils se fassent kidnapper ou tuer par des snipers."
La chercheuse précise qu'un déploiement massif des forces de Tsahal à Gaza exposerait le nord du pays à la frontière libanaise avec le Hezbollah et à la frontière syrienne, puisque des positions iraniennes résident à la frontière israélo-syrienne ainsi qu'en Cisjordanie. Elle rappelle par ailleurs les insurrections armées menées par des jeunes de camps de réfugiés qui ont eu lieu en Cisjordanie.
 

Cette mise en échec aurait-elle pu être évitée ?

Le Premier ministre israélien aurait reçu un appel du président égyptien concernant une insurrection armée proche. Le Premier ministre aurait sous-estimé l'impact de cette hypothétique insurrection, souhaitant se concentrer sur la Cisjordanie où il y a une forte présence de colons. Amélie Ferey complète : "cela fait partie des autres faillites du renseignement, à partir du moment où vous avez des signaux faibles. Je me rappelle d'articles de presse spécialisée qui faisait état d'entraînements sur la prise de bâtiment par le Jihad islamique. Mais c'est difficile d'imaginer quelque chose qui ne s'était jamais produit et effectivement, il n'y avait jamais eu un tel niveau d'incursion de la part de Gaza."
 

L'implication de l'Iran en demi-teinte ?

Pierre Razoux relativise l'implication de l'Iran dans l'offensive du Hamas : "si je m'en tiens aux déclarations officielles, l'Iran dans le côté a dit qu'il ne participait pas directement au combat, ni même à la planification ou à l'organisation. Il y a une volonté de l'Iran de se démarquer pour ne pas se mettre dans un choc frontal avec Israël. Il y a une donnée qu'il ne faut pas oublier : l'Iran est parvenu au seuil nucléaire et tous les experts en sont convaincus, les Israéliens les premiers. Il faut alors éviter une escalade entre Israël et l'Iran." Néanmoins, il s'accorde à dire que l'Iran soutient l'implication de la résistance du Hamas et que le mode opératoire observé ce samedi 7 octobre rappelle celui du parti chiite libanais, le Hezbollah, soutenu politiquement et financièrement par l'Iran.

 

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Mots-clés
guerre Hamas Israël Moyen-Orient