20
oct
2023
Espace Média L'Ifri dans les médias
Sylvie CORNOT-GANDOLPHE, cité par Nathan Mann dans l'Usine Nouvelle

Le charbon reste en pleine forme, mais peut-être plus pour longtemps...

[Matière à penser] Le combustible fossile le plus néfaste pour le climat, le charbon, a été relancé dans son élan par la guerre en Ukraine. 2023 devrait marquer un nouveau record d’extraction, mais de discrets signes de faiblesse commencent à se faire sentir.

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En France, l’approche de l’hiver a encore une fois permis au charbon de grappiller un sursis. Cordemais et Saint-Avold, les deux centrales qui utilisent encore ce combustible sur le territoire métropolitain pourront fonctionner jusqu’à fin 2024 pour soutenir le réseau. Une situation quasi-anecdotique à l’échelle de l’électricité produite en France ou dans le monde, mais qui témoigne d’un étrange retour en grâce du charbon. Le combustible fossile est encore responsable de 42% des émissions de CO2 liées à l’énergie ou l’industrie dans le monde en 2022. Certains pensaient, à tort, son pic d’extraction dépassé il y a une décennie.

«Le marché du charbon, qui était sinistré pour ce qui concerne le charbon thermique (celui utilisé pour produire de la vapeur dans des centrales électriques [soit près de 90% du marché en poids])est reparti depuis la guerre en Ukraine. Mais il s’agit à mon avis d’un phénomène momentané», rassure tout de même Sylvie Cornot-Gandolphe, consultante en énergie et chercheuse associée au Centre Énergie & Climat de l’Ifri, qui vient de publier une note sur le sujet.

 

De nouveaux projets en Chine

Loin des sommets qu’il a connu l’année dernière, le charbon se vend encore à bon prix, aux alentours de 130 dollars la tonne en Europe. Selon le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie, la consommation de charbon devrait atteindre un record en 2023 et rester stable jusqu’en 2025.

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C'est surtout la trajectoire de la Chine qui sera décisive. Le pays est le géant du secteur puisqu'il a compté pour 55% des quelque 8,3 milliards de tonnes de charbon consommées en 2022. «Il y a eu là-aussi un vrai changement de cap : alors que ses capacités commençaient à décliner, la Chine a permis 106 gigawatts (GW) de nouvelles constructions l’année dernière, auxquels s'ajoute une cinquantaine de GW au premier semestre 2023», reconnaît Sylvie Cornot-Gandolphe.

Une politique de sécurité d’approvisionnement énergétique, qui pousse la Chine à exploiter ses importantes réserves de charbon alors que le pays fait face à des sécheresses qui limitent les performances de ses barrages.

Mais «selon l’état de l’économie chinoise et de sa production hydroélectrique, un plateau pourrait apparaître dès 2024, ouvrant la voie à un déclin long et lent de la consommation chinoise de charbon», juge la chercheuse en rappelant que la Chine n’a pas renoncé à son objectif d’atteindre un pic d’émissions de C02 en 2030.

Le charbon métallurgique toujours en forme

En attendant, le charbon reste en forme, et enchaîne les records industriels et les belles performances en bourse. Sur l'année dernière, les mineurs américains spécialisés dans le charbon tels Alpha Metallurgical Resources, Warrior Met Coal ou encore Arch Resources ont permis à leurs actionnaires de faire de très beaux bénéfices, note la banque d’investissement Jefferies en soulignant que dans un marché en pleine forme, le charbon métallurgique (un minerai de haute qualité, qui sert à faire le coke utilisé dans la production d’acier) tire son épingle du jeu.

«Même si certaines mines permettent de produire les deux types de charbon, le marché est très différent, rappelle Sylvie Cornot-Gandolphe.

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«Les prix élevés du charbon à coke permettent théoriquement de rentabiliser les mines rapidement. Mais le charbon reste un pari incertain : on sait que c’est un marché condamné», souligne Sylvie Cornot-Gandolphe.

De nouveaux enjeux émergent déjà. L’ONG Global Energy Monitor a chiffré, début octobre, que la fin de vie programmée des mines en opération devrait mettre près d’un demi-million de mineurs de charbon au chômage (principalement en Chine) d’ici 2035.

 

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