La Russie a-t-elle encore les moyens de sa guerre ?
Tandis que le Président Biden réaffirmait ces jours-ci son soutien indéfectible à l'Ukraine, Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan s’exprimait lui en début de semaine pour dénoncer la nouvelle stratégie russe consistant à bombarder les infrastructures civiles vitales des ukrainiens. 40% du système énergétique ukrainien est en effet actuellement hors d’état de servir selon les opérateurs locaux.
De même que de nombreux observateurs, Jens Stoltenberg y voit un aveu de faiblesse après les récents revers militaires de l’armée russe sur le terrain, à l'image de la perte de la ville stratégique de Kherson mi-novembre. Des échecs qui questionnent jusqu’au cœur de la Russie où l’on commence à douter de l’issue de "l'opération spéciale".
Alors que le pays semble plus isolé que jamais sur la scène internationale, Poutine a-t-il les moyens – militaires, politiques, diplomatiques - de sa stratégie jusqu’au-boutiste ? En a-t-il aussi les moyens financiers ?
Pour répondre à ces questions et à bien d'autres, Mélanie Chalandon et Marc Semo reçoivent Christine Dugoin-Clément, chercheuse associée à la chaire "risques" de l'IAE Paris-Sorbonne Business School et chercheuse associée au CREOG ainsi que Tatiana Kastoueva-Jean, directrice du centre Russie / NEI de l’IFRI.
« La stratégie russe actuelle est un aveu de l’échec de la première stratégie russe qui était purement militaire. Au début, la Russie n’avait pas idée que le conflit pouvait durer aussi longtemps. Ils essayent désormais d’agir sur plusieurs plans, avec l’aspect militaire dont la mobilisation, mais également le bombardement des infrastructures pour casser les résistances ukrainiennes, et enfin d’agir sur les humeurs des populations européennes avec le prix du gaz par exemple. Il s’agit ainsi d’une stratégie de la victoire qui tend à couvrir tous les plans possibles », nous enseigne Tatiana Kastouéva-Jean.
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« Des questions commencent à arriver en plateau télé de propagande russe : « que se passe-t-il en cas de défaite ? » Le mot est prononcé, ce qui était impensable au début de l’opération militaire spéciale », indique-t-elle.
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« Jusqu’à présent, il n’y a eu que le Daghestan qui a connu des protestations, avec beaucoup de femmes qui s’opposaient à la mobilisation de leurs maris. Elles ne se révoltaient toutefois pas contre la guerre elle-même, mais contre les conditions dans lesquelles elle est menée », conclut-elle.
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