08
mar
2022
Espace Média L'Ifri dans les médias
Elie TENENBAUM, cité par Vincent Lamigeon dans Challenges.

Conflit russo-ukrainien: l’armée française (re)découvre qu'elle manque de muscle

Malgré la remontée en puissance du budget militaire depuis 2017, les forces françaises apparaissent insuffisamment armées face à la menace de conflits de haute intensité, comme en Ukraine. Un grand rattrapage semble inévitable. Il sera coûteux.

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Une flotte française d’avions de chasse détruite en cinq à dix jours. Une pénurie de missiles dans l’armée de l’air au bout de deux jours de combats. Deux frégates envoyées par le fond en une quinzaine de minutes. C’est le scénario cauchemar évoqué mi-février par les députés Patricia Mirallès (LREM) et Jean-Louis Thiériot (LR) dans leur rapport sur les engagements militaires de "haute intensité" auxquels pourraient être confrontées les forces françaises ces prochaines années. Alors que la guerre fait rage en Ukraine, le microcosme militaire redécouvre, sidéré, que la France ne pourrait pas tenir bien longtemps dans un conflit de cette ampleur. "Au rythme actuel des pertes russes, l’armée de Terre française n’aurait plus aucun équipement majeur au bout de 40 jours", résumait le 1er mars Michel Goya, ancien colonel des troupes de marines et historien spécialiste des conflits.

Comment expliquer cette situation? Le désinvestissement massif dans la défense après la chute du Mur, les fameux "dividendes de la paix", ont fait des ravages sur l’outil de défense. L’armée dispose de six fois moins de chars qu’en 1991, de trois fois moins d’avions de combat et de deux fois moins de grands bâtiments de surface (voir graphique).

 

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LPM de "réparation"

Mais cette LPM de "réparation" n’a pas permis de redonner aux forces françaises les moyens d’honorer un engagement conventionnel majeur. D’abord parce que les matériels envoyés au Sahel (hélicoptères, blindés…) s’usent trois à quatre fois plus vite qu’en métropole. Ensuite, et surtout, parce que l’armée française a été calibrée pour des opérations expéditionnaires de quelques milliers d’hommes, avec un focus sur la lutte contre les groupes armés terroristes. Pas pour un engagement de haute intensité face à un adversaire "symétrique".

D’aucuns, un rien vachards, évoquent une armée "bonzaï": un arbre qui a tout d’un grand, mais en taille limitée."Je préfère le terme d’armée échantillonnaire, indique Jean-Louis Thiériot, également référent défense de Valérie Pécresse. Nous avons gardé un modèle d’armée complet, sans faire d’impasse technologique majeure, mais avec des forces et des équipements calibrés au plus juste."

 

  • Comme le rappelait Elie Tenenbaum, directeur du Centre des Études de Sécurité de l'Institut Français des Relations Internationales (Ifri) lors de son audition par les députés Thiériot et Mirallès, l’Arménie a perdu 220 chars de combat lors du conflit au Haut-Karabagh face à l’Azerbaïdjan. C’est exactement le nombre de chars Leclerc du parc de l’armée de terre…

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Mots-clés
Autonomie stratégique Capacités militaires guerre de haute intensité guerre en Ukraine France Russie Ukraine