10
oct
2022
Espace Média L'Ifri dans les médias
Le général Sergueï Vladimirovitch Sourovikine
Dimitri MINIC, cité par Hugues Maillot dans Le Figaro

Guerre en Ukraine : Sergueï Sourovikine, un exécuteur sans états d'âme à la tête des forces russes

Ce vétéran de la deuxième guerre de Tchétchénie, ancien commandant de l'opération russe en Syrie, se trouve promu à la tête de l'«opération militaire spéciale» en Ukraine après une série de défaites dans l'Est et le Sud.

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L'explosion du pont de Kertch a-t-elle servi d'électrochoc ? Ou est-ce la colère latente des nationalistes ? Ou plus largement les revers de l'armée russe dans le Nord-Est et le Sud ? Samedi, la Russie a officiellement nommé un nouveau commandant à la tête de son armée en Ukraine. «Le général d'armée Sergueï Sourovikine a été nommé commandant du groupement combiné de troupes dans la zone de l'opération militaire spéciale» en Ukraine, a annoncé sur Telegram le ministère russe de la Défense.

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Une brutalité avérée 

«Il est hautement symbolique que Sergueï Sourovikine, le seul officier qui a ordonné de tirer sur des révolutionnaires en août 1991, soit désormais en charge de cet ultime effort pour restaurer l'Union soviétique. Ces gens savaient ce qu'ils faisaient, ils le savent encore aujourd'hui», a regretté sur Twitter Greg Yudin, un célèbre politicien et scientifique russe.

Plus tard, en 1995, Sourovikine est condamné une nouvelle fois à une peine d'emprisonnement, cette fois pour trafic d'armes, mais cette décision a finalement été annulée en appel. La brutalité du personnage transparaît à plusieurs reprises au cours de sa carrière militaire.

« «En 2002, son adjoint se serait suicidé après une conversation animée avec lui...», confie Dimitri Minic, spécialiste de l'armée russe au Centre Russie/NEI de l'Ifri. « En 2004-2005, pendant la seconde guerre de Tchétchénie, et alors qu'il commande la 42ème division de fusiliers motorisés de la Garde, ses hommes commettent des actes de torture et d'humiliation », ajoute le chercheur.

 

Une nomination pour calmer les ultranationalistes ?  

La fidélité aveugle du général Sourovikine, tout comme son absence d'états d'âme, sont des atouts non-négligeables pour Vladimir Poutine, à l'heure où son armée est en difficulté dans le Nord-Est et le Sud.

 

Mais « le problème est trop profond pour que le changement de commandement inverse le rapport de force », estime Dimitri Minic. « Le général Sourovikine a une véritable expérience opérationnelle, mais cet impact sera limité par les capacités matérielles et morales de l'armée russe, qui recule partout où l'Ukraine attaque, souligne le spécialiste. Il n'est pas là pour conquérir mais pour défendre les conquêtes de Moscou ».

 

En revanche, sa nomination s'adresse sans doute avant tout à la frange russe la plus dure, qui critique désormais ouvertement l'inefficacité de l'«opération militaire spéciale».

« C'est un signal fort envoyé aux critiques du Kremlin, dont les actions sont jugées trop timorées. La brutalité et les violations des règles et de la morale qu'a montrées Sourovikine plaisent aux nationalistes jusqu'auboutistes. Kadyrov lui-même l'a qualifié de 'vrai guerrier', tout est dit », résume Dimitri Minic. 

Le nouveau commandant n'a en tout cas pas attendu pour démontrer de quoi il est capable : cinq villes ukrainiennes, dont la capitale Kiev, ont été la cible de frappes massives ce lundi matin. D'après le président ukrainien Volodymyr Zelensky, 75 missiles ont été lancés sur l'Ukraine dans la matinée. Signe d'un changement de méthode ou simple réaction concomitante à l'explosion du pont de Kertch ? Les prochains jours apporteront une réponse plus nette.

 

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