09
oct
2022
Espace Média L'Ifri dans les médias
Le président russe Vladimir Poutine à Moscou en mars 2022
Marc JULIENNE, cité par Séraphine Charpentier dans TV5 Monde

La Russie est-elle plus isolée après les annexions en Ukraine ?

La Russie bénéficie-t-elle toujours des mêmes soutiens, après l’annexion de quatre provinces ukrainiennes ? Pékin semble conserver sa timide neutralité à l’égard de Moscou tout en demandant à la fin du mois de septembre la facilitation des « négociations de paix » entre l’Ukraine et la Russie. La réunion d’urgence des 193 Etats membres de l’ONU sur la question des annexions, ce lundi, fera-t-elle bouger les lignes des pays alliés de la Russie ? 

 

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Le 24 septembre dernier, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi demandait une « résolution pacifique de la crise ukrainienne » par l'intermédiaire de discussions « justes et pragmatiques ». Il appelait également les deux parties à ne pas laisser  « déborder » la guerre. 

Pour certains, le discours s’éloigne légèrement de la position initiale de la Chine à l’égard de la Russie, qui, trois mois et demi après le début de l’invasion et l'instauration de sanctions à l’égard de l’envahisseur russe, se rangeait sans équivoque derrière la Russie : Xi Jinping disait alors soutenir la Russie en matière de « souveraineté et de sécurité ». 

Il n’y a pas actuellement de changement de positionnement de Pékin à l’égard de Moscou. La Chine maintient le même discours depuis le début de la crise : revendication de neutralité, appel au cessez-le-feu et aux négociations de paix, Marc Julienne, chercheur, responsable des activités Chine, Centre Asie de l’Ifri 

 

Toutefois, pour Marc Julienne, le chercheur, responsable des activités Chine, Centre Asie de l’Ifri, le positionnement Chinois n’a pas changé. Pékin ne souhaite, dans son discours, ni se prononcer ni s’engager aux côtés de la Russie dans le conflit. 

« La Chine s’est toujours tenue à distance du conflit en Ukraine depuis le début des hostilités. Son soutien à la Russie a toujours été limité et ambiguë. Il n’y a donc pas actuellement de changement de positionnement de Pékin à l’égard de Moscou. La Chine maintient le même discours depuis le début de la crise : revendication de neutralité, appel au cessez-le-feu et aux négociations de paix… Elle ne propose toutefois aucune initiative pour tenter d’atteindre ces objectifs et elle reste silencieuse sur les républiques revendiquées comme indépendantes.»

Xi Jinping a pu qualifier Vladimir Poutine de son « meilleur ami », les relations sont pourtant plus méfiantes qu’amicales entre les deux puissances. Plus que de l’amitié, les deux pays partagent un partenariat économique et politique. Ils font bloc face à l’OTAN et à la puissance américaine, une composante « très importante » de leur partenariat.

 

Genèse des relations entre la Chine et la Russie depuis les années 50 
 
Marc Julienne, chercheur, responsable des activités Chine, Centre Asie de l’Ifri : "Il y a eu une forte période de coopération entre les deux pays dans les années 50, suivie d’une rupture diplomatique en 1960. Les relations sont restées compliquées pendant le reste de la guerre froide.

À partir des années 1970, les Américains se sont rapprochés des Chinois, pour tenter d’isoler autant que possible l’URSS. À la fin de la guerre froide et dans les années 1990, il y a eu un renouveau de la coopération, bien que l’espionnage industriel chinois dans les technologies militaires russes ait provoqué un nouveau froid dans la relation au début des années 2000." 

 « On imagine mal que la Chine désavoue la Russie, continue Marc Julienne, de manière publique et brutale. Les deux pays ont besoin l’un de l’autre dans leur opposition aux Etats-Unis et aux démocraties occidentales. Toutefois, il est possible que Pékin exprime ses préoccupations à Moscou, comme cela semble avoir été le cas lors du dernier sommet entre Xi Jinping et Vladimir Poutine. Ces préoccupations concernent une escalade du conflit, le recours à l’arme nucléaire par Poutine, ou la chute de ce dernier qui créerait une très forte incertitude pour Pékin », explique le chercheur. 

 

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