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Kiev, Ukraine - 21 août 2022 : Matériel militaire russe détruit sur Khreschatyk
Dimitri MINIC, cité par GEO avec AFP

Après six mois de guerre en Ukraine, à quoi s'attendre ?

Six mois après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le conflit ne semble pas près de se terminer et s'enlise, selon des experts. Combats et frappes russes meurtrières se poursuivent au quotidien.

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La Russie a déclenché son attaque sur l'Ukraine le 24 février, tentant de s'emparer de la capitale Kiev dans une offensive éclair. Mais les forces ukrainiennes ont opposé une résistance farouche, obligeant les troupes russes à la retraite et déplaçant les combats vers le bassin du Donbass, dans l'est du pays, et dans son sud agricole.

L'Ukraine, depuis quelques semaines, annonce une contre-offensive dans le sud, retardée, selon Kiev, par la lenteur des livraisons d'armes occidentales. Interrogé sur ses espoirs pour l'avenir durant une visite à Odessa vendredi 19 août, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a fermé les yeux, ralenti ses propos, et évoqué une "situation très difficile, où les perspectives de paix ne sont pas évidentes". La guerre peut-elle durer des années ? Quelles sont les capacités à faire face des deux pays ?

Le conflit va-t-il encore durer ?

Les analystes ne voient aucune raison pour qu'il s'arrête. Pas de compromis ou de pourparlers de paix en vue non plus, au regard des positions extrêmement opposées.

  • "On est dans un moment où le front se stabilise. Même si l'armée russe continue de tenter des offensives (limitées), on voit un essoufflement ; Moscou est en position défensive sur une grande partie du front et une partie de son arrière en Ukraine", indique Dimitri Minic, chercheur au Centre Russie/NEI de l'Institut français des relations internationales (IFRI). "Il est possible que l'armée ukrainienne lance une opération d'ampleur pour reconquérir une partie de la région de Kherson, ou même la ville de Kherson, à court ou moyen terme", ajoute-t-il.

Les Ukrainiens peuvent-ils continuer à résister ?

L'hiver, avec probablement des coupures de courant et de chauffage, sera difficile pour la société ukrainienne. "Le pays est au bord du défaut de paiement ; il y a 40% des écoles qui ne vont pas pouvoir ouvrir à la rentrée; il y a des pénuries de carburant", souligne Marie Dumoulin. "Les Ukrainiens ont la volonté d'obtenir des succès au moins tactiques d'ici l'hiver, car cela permettra de remotiver les troupes et la société et de justifier aussi les demandes vis-à-vis des partenaires occidentaux", note l'experte.

  • Dimitri Minic souligne que l'armée ukrainienne a l'avantage d'un "approvisionnement en armes et matériels occidentaux qui peuvent être de dernière génération ou supérieurs à ce dont l'armée russe dispose, et les Ukrainiens ont l'avantage de défendre leur territoire et d'avoir un moral plus élevé".

Le chercheur "ne pense du tout que la population ukrainienne soit dans une situation de balancer d'un côté ou de l'autre, ou d'être épuisée par la guerre au point de déstabiliser le pouvoir politique; elle fait bloc autour du gouvernement ukrainien".

Dimanche soir, le président Volodymyr Zelensky a affirmé que "l'absolue majorité de notre peuple n'a aucun doute que nous parviendrons à la victoire de l'Ukraine". "Nous sommes unis, nous avons plus confiance en nous maintenant que nous n'en avons eu depuis de nombreuses décennies", a-t-il ajouté.

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À quels scénarios s'attendre ?

Le plus probable : celui de "l'enlisement". "On peut assez raisonnablement tabler" sur ce scénario, selon Marie Dumoulin, "avec progressivement une lassitude qui va s'installer côté occidental et qui facilitera pas le soutien à l'Ukraine". Les pays européens doivent gérer un mécontentement de leurs populations face à l'explosion des prix de l'énergie et des denrées alimentaires.

  • "On est dans une guerre de positions avec une modeste et lente conquête territoriale russe, et une défense acharnée d'une armée ukrainienne plus ingénieuse et agile", note M. Minic.

Pour Marie Dumoulin, "il y a aura sans doute un moment aussi où Poutine misera sur cette lassitude occidentale et fera des ouvertures (...) et incitera les dirigeants occidentaux à mettre la pression sur les Ukrainiens pour mettre fin au conflit, aux conditions de la Russie".

Même si c'est le scénario le moins probable, on ne peut pas exclure selon elle celui "où les Occidentaux poursuivent leur soutien à l'Ukraine et qu'à un moment l'espèce d'équilibre qui s'est établi entre les forces russes et ukrainiennes sur le terrain soit modifié au profit de l'Ukraine".

Pour Dimitri Minic - qui rappelle les manifestations du mois de mars en Russie en opposition à l'invasion de l'Ukraine -

  • "Ce qui pourrait aggraver la situation entre le pouvoir russe et ce qui reste de la société civile, c'est une déclaration de guerre, la loi martiale ou la mobilisation générale". "Cela serait difficilement gérable dans les grandes villes comme Moscou ou Saint-Pétersbourg, où le discours anti-occidental obsessionnel a moins de prise", note-t-il.

 

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