22
mar
2022
Espace Média L'Ifri dans les médias
Françoise NICOLAS, citée par Pierre-Henri Girard-Claudon dans La Croix.

Immobilier, Covid, croissance… L’économie chinoise se grippe

Les nuages s’amoncellent pour la deuxième économie du monde, entre les soubresauts d’un secteur immobilier toujours aussi fragile que déterminant pour la croissance du pays, et une politique « zéro Covid » qui contraint à des reconfinements successifs, aux effets délétères pour la production et la consommation.

La Croix

Impossible d’échanger les actions du groupe Evergrande à la Bourse de Hong Kong : ce lundi 21 mars, le géant de l’immobilier chinois a suspendu sa cotation pour la deuxième fois depuis le début de l’année afin de s’éviter un plongeon. Evergrande doit théoriquement rembourser dans deux jours une obligation de 2 milliards de dollars. Tiendra-t-il sont engagement ? Début décembre déjà, à l’issue d’une précédente échéance non honorée, l’agence américaine de notation Fitch l’avait déclaré en «défaut depaiement limité». Le promoteur a accumulé plus de 300 milliards de dollars de dettes.

Pour l’économie chinoise, le secteur de rimmobilier est déterminant: le quart de sa croissance annuelle en dépend, d’après les calculs de la banque Barclays. Le gouvernement est intervenu ces derniers mois pour aider le groupe à restructurer sa dette, mais aussi restreindre les opérations de l’ensemble des promoteurs pour éviter des faillites en cascade.

Suffisant pour éloigner le spectre d’un nouveau Lehman Brothers ? Les autorités chinoises ont rassuré sur leur volonté de soutenir le groupe. Par ailleurs, la majorité de la dette du groupe appartient à des institutions financières chinoises aux reins solides.

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L’économie chinoise voit ses perspectives se dégrader, après une année sous le signe du rattrapage avec une croissance à 8,1%.

  • «L’économie estgrippée en raison d’une combinaison defacteurs», résume Françoise Nicolas, directrice du Pôle Asie à l’Institut français des relations internationales (Ifri). «La politique” zéro Covid”perturbe la production et les chaînes d’approvisionnement; la crise ukrainienne provoque une explosion du prix des carburants; les tentatives d’assainir le secteur immobilier coupent lepays d’une source de croissance; la forte reprise en main du pouvoir dans certains secteurs d’activité comme celui des technologies pousse les entreprises à l’attentisme», détaille la chercheuse.

Résultat, dès fin janvier, le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la baisse les perspectives de croissance du géant asiatique, à4,8%. Les autorités, elles, tablent toujours sur 5,5 %.

  • «Cela paraît très optimiste, explique Françoise Nicolas. La très forte croissance connue par lepays l’an dernier est liée à un effet de rattrapage. Dès le quatrième trimestre de l’an dernier, les chiffres de la croissance ont fortement chuté. »

Symbole du ralentissement de l’usine du monde, un infléchissement dans la croissance des exportations est anticipé dans les mois à venir. Ces dernières sont reparties en trombe en enregistrant 16% de croissance sur les deux premiers mois de l’année, mais les perspectives sont moins chantantes à court terme. Bloomberg fait écho d’un retournement pour les mois à venir. En cause, des accrocs du côté de la production. Le pays est pris au piège de sapolitique «zéro Covid », qui l’oblige à traquer et isoler le moindre cas sur son territoire. Impossible de ne pas y voir aussi un échec de son vaccin, alors que, d’aprèsl’OCDE (Organisation de coopération et de développe ment économiques), au moins 80% de la population avait été vaccinée en début d’année.
 

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