Quelques mois avant cette décision, Washington avait déjà introduit des dispositions dans son Chips and Science Act impactant la Chine. Dans les conditions à remplir pour les entreprises candidates au programme de subventions ratifié en août, certaines concernent directement Pékin. Les postulants, comme le Taïwanais TSMC ou le coréen Samsung Electronics, doivent s’engager à limiter pour une décennie leurs investissements dans l’Empire du Milieu. Ces dispositions sont logiques au vu des intérêts américains selon l’analyse de Mathilde Velliet, « la Chine est capable de fabriquer des puces et est même assez forte dans tout ce qui est assemblage, packaging. Les États-Unis savent que même si cela ne concerne pas les techniques les plus avancées, ils n’ont pas envie d’accroître leur dépendance sur les puces matures ». [...]
L’autre effort diplomatique est l’alliance Chips 4. L’ambition était, pour les États-Unis, de rassembler la Corée du Sud, le Japon et Taïwan, soit 84 % de la production mondiale de puces, avec toujours en ligne de mire, la Chine. Mathilde Velliet constate cette fois un échec de Washington, « depuis que cela a été annoncé en mars 2022, ça n’avance pas du tout. Il n’y a pas de feuille de route ». [...]
Mathilde Velliet estime, effectivement, que « La définition américaine de la sécurité nationale s’est étendue de manière à inclure beaucoup de sujets qui relèvent de la sécurité économique ». Grâce à cette vision extensive, Washington se protège de l’OMC, l’organisation n’étant pas habilitée à se prononcer dans cette situation. [...]
Par ailleurs, dès 2019, Washington a obtenu de La Haye, l’interdiction pour ASML de vendre son système de fabrication de semi-conducteurs le plus perfectionné, dont elle détient le monopole, la lithographie extrême ultraviolet (EUV). « La dimension technologique est au coeur de la rivalité sino-américaine. C’est assez clair que dans cette dimension, les semi-conducteurs sont centraux, même si ce n’est pas le seul sujet » juge Mathilde Velliet.