20
déc
2016
Espace Média L'Ifri dans les médias
Dorothée SCHMID, propos recueillis par Ryad BENAIDJI pour l'Est Républicain

Turquie : "Erdogan ne tient plus son pays"

Interview de Dorothée SCHMID, responsable du Programme Turquie contemporaine de l'Ifri, suite à l'assassinat de l'ambassadeur russe à Ankara, lundi 19 décembre 2016.

La guerre syrienne s'invite encore de manière tragique en Turquie...

Les conséquences de la guerre en Syrie sont croissantes chez le voisin turc. On s'approche d'une désagrégation totale de la cohérence étatique.

 

Quelle est la perception, en Turquie, de la crise à Alep ?

Je n'imaginais pas qu'il y avait une si forte résonance. Mais on sait qu'il y a trois millions de réfugiés syriens en Turquie. On sait aussi que la Turquie a longtemps soutenu l'opposition à Assad. Depuis, le président Erdogan a laissé les mains libres aux Russes et à Assad pour reprendre Alep-est. Erdogan risque de payer cher les contradictions de sa politique.

 

Selon les premières informations, l'assaillant était un policier...

Si c'est confirmé, cela veut dire que les purges menées par l'AKP [le parti au pouvoir, ndlr] n'ont servi à rien. Quoi qu'il en soit, Erdogan ne tient plus son pays.

 

Peut-on penser que Daech est impliqué dans l'attaque?

Cela sera compliqué de démêler les responsabilités entre les différents groupes terroristes actifs en Turquie. De toute évidence, beaucoup de cadres de Daech y sont présents, mais là encore il faut rester prudent.

 

Est-ce que l'on va vers une nouvelle crise entre Moscou et Ankara ?

Je ne le pense pas. Les Russes ne vont pas laisser ce meurtre impuni. Cela veut donc dire qu'ils vont mettre sous tutelle les services de sécurité turcs. La Turquie était déjà en voie de vassalisation à la Russie. Après ce meurtre, Erdogan sera contraint de répondre à toutes les demandes de Poutine.

 

 

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