13
avr
2022
Espace Média L'Ifri dans les médias
Dimitri MINIC, cité par Nicolas Barotte pour Le Figaro

Alexander Dvornikov, le «Boucher de Syrie» à la tête des opérations russes en Ukraine

Entre 2015 et 2016, ce général a sinistrement gagné en Syrie son surnom mais aussi des galons de «héros de la Russie».

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La nomination du général Alexander Dvornikov à la tête des opérations militaires russes en Ukraine n’a pas été officialisée. À Moscou, la guerre n’existe presque pas… Jusqu’à présent, l’intervention lancée le 24 février par Vladimir Poutine n’avait pas de commandant de théâtre. Mais l’échec tactique des premiers jours a rendu furieux l’autocrate du Kremlin. Une reprise en main était nécessaire. «Notre analyse, c’est que les Russes ont désigné (Dvornikov) commandant général», a confirmé le Pentagone en début de semaine.

À la tête du district militaire sud, qui couvre la frontière russo- ukrainienne, la Crimée, la mer Noire et la Caspienne, l’officier est l’un des gradés les plus influents de l’armée russe. Il fait partie, dit-on, des candidats potentiels à la succession du chef d’état-major, le général Guerassimov, qui se trouve aujourd’hui sur la sellette. Mais il n’est pas connu que pour cela. Il est désigné comme le «Boucher de Syrie».

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Un parcours «pas extraordinaire en soi»

Le général Dvornikov a sinistrement gagné là-bas, entre 2015 et 2016, son surnom mais aussi des galons de «héros de la Russie». Les Occidentaux craignent de le voir appliquer les mêmes méthodes. «Les Russes étaient connus en Syrie pour, je cite, “dépeupler” des zones. C’est ce qu’ils ont fait à Alep. C’est ce que l’on peut attendre» en Ukraine, a commenté auprès des médias américains le général Petraeus, ancien patron de la CIA. À la Maison-Blanche, on estime aussi qu’il poursuivra une guerre «brutale». Dans la guerre de communication, Russes et Américains attisent la peur suscitée par ce nom.

«Son expérience en Syrie ne suffit pas à justifier sa nomination», tempère Dimitri Minic, spécialiste de la Russie à l’Ifri. Les bombardements meurtriers, comme à Alep, ne sont pas une spécificité de Dvornikov mais une pratique autorisée par la doctrine russe. Le chercheur avance d’autres raisons au choix de Poutine:

«Il était le plus gradé des commandants de district impliqués dans la région, il avait déjà le commandement du sud-est de l’Ukraine, où se concentre l’offensive maintenant, et c’est enfin là que l’opération s’est le mieux déroulée.»

Le général avait semblé très impliqué dans la préparation de l’intervention en Ukraine, selon le renseignement américain qui l’a vu en décembre 2021 à la tête d’un exercice complexe. Au-delà, «son parcours n’est pas extraordinaire en soi», assure Dimitri Minic.

 

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