25
aoû
2023
Espace Média L'Ifri dans les médias
Jeanette SÜẞ, Propos recueillis par Yovan Simovic pour Marianne

Allemagne : "La double nationalité risque de redessiner le paysage politique national"

Le gouvernement allemand défend un projet de loi qui vise à accélérer le processus de naturalisation pour faire face à une pénurie de main-d’œuvre. Pour « Marianne », la chercheuse Jeanette Süß, analyse les conséquences de ce texte qui pourrait redessiner la géographie électorale du pays.

marianne_m.jpg

À gauche toute. La coalition au pouvoir en Allemagne, dirigée par Olaf Scholz, a annoncé, ce mercredi 23 août, la révision du code de la nationalité, qui rend plus aisé l’accès à la citoyenneté. Le texte, qui sera discuté cet automne, prévoit qu'un étranger puisse demander à devenir allemand cinq ans seulement après son arrivée sur le territoire – au lieu de huit jusqu’à maintenant. Les étrangers maîtrisant l’allemand et détenant une compétence professionnelle recherchée seront même éligibles à une naturalisation express en seulement trois ans. Mais ce n'est pas tout, pour la première fois, les étrangers issus de pays hors Union européenne n’auront plus l’obligation de renoncer à leur nationalité d’origine s’ils veulent devenir allemands.

 

Marianne : Dans quelle situation politique arrive ce nouveau projet de loi ?
 
Jeanette Süß : En soi, le projet de loi était déjà prévu depuis bien longtemps. Il avait été annoncé dans le contrat de coalition de 2021. Donc, bien avant le retour assez fulgurant de l’extrême droite avec l’AFD, si c’est à cela que vous faites référence. La coalition au pouvoir a toujours voulu s’afficher progressiste et cette loi s’inscrit dans une logique de doter l’Allemagne de capacités sur le plan administratif et d’une main-d’oeuvre qualifiée.

 

[...]

Sur l’ouverture à la double nationalité, la très importante diaspora turque présente dans le pays, qui avait jusqu’alors plutôt opté pour garder son passeport d’origine, pourrait avoir accès aux urnes sur les scrutins nationaux. Cela pourrait redessiner le paysage électoral ?
 
Absolument. La Cour constitutionnelle fédérale a d’ailleurs dit qu’il fallait un rapprochement de la population résidente et électorale, car il y a un décalage assez flagrant. Il y a une population résidente, présente depuis des décennies, notamment les travailleurs immigrés, qui n’ont pas demandé leur naturalisation à cause de cette impossibilité de garder leur nationalité d’origine. Sur le redessinage du paysage politique, on sait que la majorité de la population turque présente en Allemagne a voté pour Erdogan lors des dernières élections. L’arrivée des bulletins de cet électorat dans les urnes allemandes devrait bien sûr changer les choses. Une des craintes de l’AFD, c’est que ces nouvelles voix se tournent vers la coalition actuelle.
 
[...]
 

>> >> Lire l'article sur le site de Marianne (réservé aux abonnés).

 

Mots-clés
Immigration manque de main d’œuvre qualifiée marché du travail allemand Politique migratoire allemande Allemagne