15
oct
2019
Espace Média L'Ifri dans les médias

Elizabeth Warren, celle qui dit "avoir un plan" contre Trump en 2020

Au coude-à-coude dans les sondages avec Joe Biden, la sénatrice du Massachusetts est la candidate montante de la primaire démocrate américaine. Cette professeure de droit aux origines modestes a fait de la régulation de la finance son principal cheval de bataille. Portrait d'une septuagénaire «qui fait son job».

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Donald Trump devra-t-il encore défier une femme dans la course à la Maison-Blanche ? Aux États-Unis, la question est sur toutes les lèvres depuis l’ascension fulgurante d'Elizabeth Warren dans les sondages. Il y a une semaine, pour la première fois depuis le début de la primaire démocrate, la sénatrice du Massachusetts dépassait le grand favori et ancien vice-président de Barack Obama Joe Biden, handicapé par les accusations de corruption portées par Donald Trump à l’encontre de son fils Hunter. Victime d’un infarctus début octobre, son autre rival, le sénateur du Vermont Bernie Sanders, est quant à lui passé sous la barre des 15% d'intentions de vote, comme le montrent les statistiques de RealClearPolitics.

Rien ne la prédestinait pourtant à briguer la Maison-Blanche. Elizabeth Warren, née Herring, a grandi dans une famille modeste de l’Oklahoma. Son père, Donald Jones, est propriétaire d’une quincaillerie, sa mère Pauline reste à la maison pour s'occuper de ses quatre enfants. Alors qu'elle a 12 ans, son père est victime d’une crise cardiaque, à laquelle il survit, mais restera diminué jusqu’à la fin de sa vie, en 1997. À l’école, Elizabeth collectionne les bonnes notes et s’exerce déjà à débattre dans un des clubs du lycée. L’anecdote est tout sauf anodine quand on sait qu’à l’époque les «arts ménagers» et la préparation au mariage figurent encore au programme des jeunes Américaines. «Le débat leur permettait de rivaliser sur un pied d’égalité», observe le New York Times. Après le lycée, l’adolescente envisage de poursuivre ses études à l’université. Un projet que sa mère ne voit pas d’un bon œil. «Maman se méfiait des femmes qui avaient une famille et travaillaient en même temps», écrivait Elizabeth Warren en 2017 dans son ouvrage This Fight is Our Fight. Avant d’ajouter : «Travailler était la voie des femmes qui n’auraient pas la chance de se marier, ni celle d’avoir des enfants».

Obstinée, Elizabeth intègre malgré tout la prestigieuse université George Washington, après avoir obtenu une bourse d’études. Mais deux ans plus tard, à seulement 19 ans, elle quitte Washington pour épouser Jim Warren, un ami de lycée. «Pendant dix-neuf ans, j’avais appris que la chose la plus importante que puisse faire une fille était de "bien se marier"», confie la sénatrice. Avec son mari, ingénieur à la Nasa, Elizabeth s'installe à Houston, dans le Texas. Très vite, le couple accueille deux enfants : Amelia et Alexander. Mais pas question pour la jeune mère de renoncer à sa carrière. En 1976, à 27 ans, Elizabeth obtient un diplôme de droit de l'université de Rutgers. Le début d’une vocation.

«Pendant de nombreuses années, Elizabeth Warren (divorcée en 1978 de Jim Warren puis remariée en 1980 à Bruce Mann, lui aussi professeur de droit, NDLR) enseigne le droit dans les universités les plus prestigieuses des États-Unis, dont Harvard, rappelle Nicole Bacharan, spécialiste de la politique et de la société américaines. Dans le même temps, elle va beaucoup travailler sur la régulation de l’industrie de la finance.» Ses compétences lui valent de conseiller l’administration Obama sur la question des faillites personnelles et, au lendemain de la crise de 2008, de participer à la mise en place de la loi Dodd-Frank.

  • Chercheuse à l'Ifri (Institut français des relations internationales) et spécialiste des États-Unis, Laurence Nardon observe : «Cette mission était extrêmement importante. Il s’agissait de remettre un peu d’ordre et de justice dans le système financier américain, d’où son surnom de "shérif de Wall Street"».

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  • Voilà plus de trente ans que la sénatrice de 70 ans bataille pour mettre en place un système capitaliste plus juste et égalitaire. Un système qui, selon elle, ne donne plus sa chance à tous. «Elizabeth Warren est loin de remettre en cause le capitalisme, comme peut le faire Bernie Sanders. Elle dit, en revanche, que ce système qui présente l’enrichissement personnel comme l’alpha et l’oméga ne peut pas marcher», explique Laurence Nardon.

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  • Autre point phare du programme de la candidate progressiste : la remise en cause du monopole des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple). D’après elle, ces trusts sont contraires à la libre concurrence. Pour les acteurs de la Silicon Valley, à l’image de Facebook, la pilule ne passe pas. Le patron du réseau social Mark Zuckerberg se dit d’ores et déjà prêt à mettre des bâtons dans les roues d’Elizabeth Warren. «On sait à quel point les réseaux sociaux ont joué un rôle capital dans les dernières élections, note Laurence Nardon. Sa campagne pourrait se trouver entravée par l’action de Facebook qui, ouvertement ou insidieusement, apporterait son soutien à Trump.» Les GAFA et Wall Street contre elle, Elizabeth Warren cherche à rassurer ses troupes et les élites du pays, à grand renfort de meetings et selfies.

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