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« Les forces de souveraineté françaises sont saturées par les missions de surveillance »

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Céline Pajon, spécialiste de politique extérieure et de défense du Japon, analyse les relations internationales et la géostratégie de la région indo-pacifique. Elle évoque notamment l’influence croissante de la Chine dans cette partie du globe, y compris en Nouvelle-Calédonie.

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Quelles sont les ambitions de la France pour l'Indopacifique ? 

L’ambition de la France dans l’Indo-Pacifique est double : d’abord y protéger ses intérêts souverains, ses territoires, notamment de sa vaste ZEE, et ses 1,6 million de ressortissants, face à des menaces et risques croissants, liés au changement climatique et à la dégradation de l’environnement, et renforcés par le retour de la compétition de puissances.

Le second objectif est de préserver la stabilité de cette zone cruciale, moteur économique du monde, mais aussi espace où les normes internationales sont remises en question, notamment sur le plan maritime, et arène où se joue le futur ordre mondial, façonné par la rivalité sino-américaine. La France se veut donc une « puissance d’équilibres » et rejette la logique de clans. Il s’agit, in fine, de préserver les intérêts et les marges de manœuvre de la France dans le contexte de l’affrontement des mastodontes chinois et américains.

Face à cette rivalité croissante entre les États-Unis et la Chine dans la zone Pacifique, la France a-t-elle les moyens d’incarner une troisième voie ?

Les moyens militaires que peut déployer la France dans la région sont limités. Ses forces de souveraineté sur zone sont saturées par les missions de surveillance des territoires. Pour autant, Paris déploie régulièrement des capacités depuis la métropole et nourrit activement ses partenariats de sécurité dans la région. En ce sens, la France peut être une puissance fédératrice par sa capacité à mobiliser un ensemble de partenaires pour des exercices aéronavals multilatéraux ou des initiatives liées à la protection de l’environnement, lutte contre le changement climatique (initiative Kiwa dans le Pacifique) – la sécurité environnementale étant un domaine sur lequel la France est pionnière – mais aussi la sécurité maritime (en matière de MDA-Maritime Domain Awareness, et surveillance maritime – mise en place d’un Sommet des garde-côtes du Pacifique l’an dernier), la connectivité numérique,  ou la protection des fonds marins. Plus généralement, l’approche française inclusive, qui soutient activement le droit de la mer et la liberté de navigation et souhaite proposer une alternative face à la rivalité sino-américaine, est appréciée en particulier par les pays qui ne veulent pas choisir un camp (Asie du Sud-est, Pacifique insulaire notamment).

Emmanuel Macron a participé au Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec), où la France sera le premier État européen invité. Quelle analyse peut-on tirer de cette invitation « historique » ?

Cette invitation montre que la France est désormais bien identifiée par les pays de la région comme une puissance de l’Indo-Pacifique, désireuse d’y engager l’Union européenne et de contribuer à la stabilité de la zone.

Paris a renforcé sa visibilité diplomatique et militaire via notamment des déploiements aéronavals de plus en plus ambitieux (porte-avions Charles de Gaulles à Singapour en 2019, sous-marin à propulsion nucléaire en 2021, Rafales en Polynésie en 2021 et en Nouvelle Calédonie 2022) et des initiatives pour encourager un « multilatéralisme efficace » (Alliance solaire internationales, Initiative Kiwa,…).

Par contre, l’ « autonomie stratégique » revendiquée par Paris dans la région n’est pas toujours bien comprise par ses partenaires asiatiques, qui la prennent parfois pour une posture d’équidistance entre Washington et Pékin, ou encore le reflet d’un engagement fluctuant dans la zone.

Enfin la stratégie française doit s’inscrire au sein de la nouvelle approche indopacifique de l’Union européenne, démultiplicateur de puissance et d’influence. La stratégie européenne doit, pour convaincre, être mise en œuvre de manière concrète le plus rapidement possible, être lisible et visible.

Lire l'intégralité de l'article sur le site des Nouvelles Calédoniennes

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Céline PAJON

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Chercheuse, responsable de la recherche Japon et Indo-Pacifique, Centre Asie de l'Ifri

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