27
sep
2021
Espace Média L'Ifri dans les médias
Marie KRPATA , citée par Justine Benoit dans Le Progrès

Législatives en Allemagne : quels changements pour la France et l'Union européenne ?

Après les législatives de dimanche, l'Allemagne va connaître un nouveau chancelier et un nouveau gouvernement. De quoi modifier les dynamiques au sein de l'Union européenne, comme au sein du couple franco-allemand. Sans compter que, dans quelques mois, c'est le mandat du président français qui sera remis en jeu.

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Après les résultats des législatives de dimanche, la question est sous toutes les lèvres : quelle coalition sortira des tractations politiques et formera le nouveau gouvernement allemand ? Les électeurs se demandent notamment si leur souhait de mettre en avant les questions écologiques (+6 points pour Die Grüne par rapport à 2017) sera pris en compte. 

Mais le sujet ne relève pas que de la politique intérieure et dépasse les frontières. En cause : l'Allemagne qui doit assurer la présidence tournante du G7 en 2022, d'où la volonté du parti social-démocrate SPD de former un gouvernement d'ici la fin de l'année. 

  • "L’Allemagne est la première puissance économique européenne et la quatrième mondiale, donc les pays voisins suivent évidemment avec attention ce qu'il s'y passe politiquement. Si c'est le SPD qui prend la chancellerie (avec Olaf Scholz, ndlr), il y aura des impacts sur l’UE et au sein du G7", souligne ainsi Marie Krpata, chercheuse au comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa). 
Inquiétudes européennes autour du SPD
 
Pour l’heure, la coalition plébiscitée par les électeurs est celle dite des feux tricolores (en raison de la couleur des partis) : les sociaux-démocrates du SPD (rouge), les libéraux-démocrates du FDP (jaune) et les écologistes de Die Grüne (Vert). Mais il est également possible que l'union chrétienne-démocrate de la CDU-CSU parvienne à convaincre le FDP et les Verts de s'allier. Une grande coalition comprenant les deux partis historiques de la CDU et du SPD n'est pas non à exclure même si, selon les sondages, les électeurs rejettent cette option.

Dans tous les cas, les libéraux du FDP devraient s'attribuer une place importante sur l'échiquier politique allemand. Ce qui inquiète l’Union européenne, dont la France prendra la présidence tournante en 2022. En effet, le leader Christian Lindner lorgne sur le poste très stratégique des Finances. Or ce parti, à la limite de l’euroscepticisme, est partisan d’une stricte orthodoxie budgétaire. Pour eux, le Pacte de stabilité et de croissance (PSC) est l'un des principes fondateurs incontournables de l'équilibre de l'Union européenne. Leur retour au pouvoir (ils sont absents depuis 2013) pourrait ainsi signifier une plus grande frugalité de l'Allemagne en matière de soutien économique aux voisins européens. 

  • "Un gouvernement avec le FDP serait probablement plus dur en matière de rigueur budgétaire, surtout s'il rejoint une coalition emmenée par la CDU", analyse encore la chercheuse Marie Krpata.

Et quid de l'impact sur le couple franco-allemand. Si Emmanuel Macron a réussi à convaincre Angela Merkel de soutenir le plan de relance européen chiffré à 750 milliards d'euros, pourra-t-il séduire un parti tel que le FDP ? 

L'incertitude autour du futur couple franco-allemand

  • En réalité, la question est tout autre : que va-t-il advenir du couple franco-allemand ? "L'agenda des prochains mois est très chargé avec, en avril prochain, l'élection présidentielle française, suivie des législatives. Si bien que le couple franco-allemand est en recomposition, Outre-Rhin mais aussi chez nous", relève la chercheuse au Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa)

En recomposition certes, mais plus stable d'un côté que de l'autre : tous les candidats allemands à la chancellerie sont pro-européens. Olaf Scholz (SPD), ministre des Finances, se revendique également comme successeur naturel d'Angela Merkel, et Armin Laschet (CDU), possible chancelier, est le successeur tout désigné au sein du parti de la chancelière sortante. Mais tous les candidats français à la présidentielle (dont beaucoup ne sont pas encore connus), ne sont pas pro-européens. 

  • "Par ce vote dimanche, les Allemands ont fait le choix de la stabilité. Ce qu'il faut vraiment attendre, c'est l'élection française. Mais en tout cas, ces prochains mois, les deux pays vont se consacrer à leur politique intérieure. Il ne faut donc pas s'attendre à de grandes mesures au niveau européen", conclut la chercheuse Marie Krpata

D'ici là, Angela Merkel va continuer de gérer les affaires courantes allemandes, attendant encore un peu pour prendre sa retraite politique. Et pour dire au revoir à Emmanuel Macron. 

 

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