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Les illusions perdues d’Emmanuel Macron avec son « ami » américain

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citée par Isabelle Lasserre dans

  Le Figaro
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Si sa «relation spéciale» avec Donald Trump a été brisée par les différends, le président français espère encore influencer son homologue à la marge en changeant de méthode. Toutes les lunes de miel ont une fin, même celle de Donald Trump et d’Emmanuel Macron.

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The President of United States of America Donald Trump with the french President Emmanuel Macron in press conference at the Elysee Palace after an extended interview, 13 July 2017
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« Quand ils ont été élus en 2017, tout paraissait possible. Aujourd’hui, il est déplus en plus difficile de trouver un sujet d’entente », résume un diplomate proche du sujet. La « relation spéciale » qui unissait les deux outsiders, dont le style direct et la pensée disruptive ont bousculé le système et les habitudes, a été brisée par les différends, le doute et la méfiance. « La relation est au point mort », constate Benjamin Haddad, directeur Europe de l’Atlantic Council de Washington, auteur du Paradis perdu : l’Amérique de Trump et la fin des illusions européennes (Grasset).

Certes, le lien entre les deux présidents est moins détérioré qu’il ne l’était en novembre 2018. Au discours d’Emmanuel Macron dénonçant la montée des populismes et rappelant l’importance du multilatéralisme et des valeurs des Lumières, Donald Trump avait répondu par une salve de tweets rageurs raillant la «faible popularité» du chef de l’État français et fustigeant son projet d’armée européenne. Le soutien public apporté aux « gilets jaunes» par Steve Bannon, l’ancien conseiller de Donald Trump, à chacun de ses voyages en Europe, avait été un irritant supplémentaire. « Depuis, l’état de la relation s’est amélioré », assure une source à l’Élysée.

Vu de la Maison-Blanche, le président français reste un interlocuteur plus apprécié qu’Angela Merkel et Theresa May. « Les deux pays restent engagés dans la lutte contre Daech en Syrie et, au niveau personnel, le courant passe. Ce sont deux hommes politiques qui se respectent. Malgré les divergences sur le fond. »

Du climat au commerce en passant par le rôle de l’Europe et l’Iran, elles sont pourtant nombreuses. Malgré beaucoup de temps et d’énergie politique investis dans sa relation avec Trump, Emmanuel Macron n’a pas réussi à influencer le président américain, qui a claqué la porte de l’accord de Paris sur le climat et de celui de juillet 2015 sur le nucléaire iranien. Après dix-huit mois d’efforts vains et de frustrations, les doutes sur la fiabilité de Donald Trump ont eu raison de la complicité et de la confiance.

 

  • « Les Français considéraient qu'il y avait une fenêtre d’opportunité pour essayer d’influencer Trump. Mais ils ont dû se rendre à l’évidence que le président américain n’allait pas remettre en cause ses promesses électorales pour Emmanuel Macron », résume Laurence Nardon, spécialiste des États-Unis à l’Ifri.

À Paris, on considère aujourd’hui que l’attitude de Donald Trump et ses attaques contre le multilatéralisme contribuent à dégrader le dialogue transatlantique. « Sur les grands dossiers stratégiques, il n’y a plus d’espoir d’un côté comme de l’autre », constate Benjamin Haddad.

Les deux rives de l’Atlantique n’en demeurent pas moins liées par une histoire et des valeurs communes. Et si l’Élysée a renoncé à la possibilité de faire changer Donald Trump d’avis, il espère encore pouvoir l’influencer à la marge en changeant de méthode. « Nous n’attendons pas d’évolutions spectaculaires et ça ne sert à rien de s’adresser de manière frontale à Trump. Mais sur certains sujets, on peut le contourner ou lui proposer des solutions alternatives qui pourraient lui faire franchir des étapes. De toute façon, avons-nous d’autre choix ? », résume une source proche du dossier. Sur la question sensible du retrait américain de Syrie, la méthode, qui s’est appuyée sur l’excellente relation qui perdure au niveau militaire entre Washington et Paris, a obtenu quelques résultats, le retrait annoncé des troupes américaines ayant été adouci et revu à la baisse. Aura-t-elle le même succès demain sur l’Iran, l’accord nucléaire et les sanctions imposées par Washington, autre sujet sensible et dangereux qui sera au menu du déjeuner entre les deux présidents ?

Trump et Macron auront-ils les mêmes interprétations du 75e anniversaire du Débarquement ?

  • « Emmanuel Macron pourrait opposer les valeurs occidentales, celles des Lumières, au nazisme et au fanatisme », souligne Laurence Nardon.

Tandis que Donald Trump pourrait avoir une lecture plus nationaliste de la cérémonie « en rappelant que les États-Unis ont traversé l’Atlantique deux fois pour sauver l’Europe, qu’ils n’ont rien obtenu en échange, que cette époque est révolue et que désormais l’Europe doit prendre son destin en main ».

 

Lire l'interview sur le site de Le Figaro.

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Laurence NARDON

Laurence NARDON

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Responsable du Programme Amériques de l'Ifri

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